« C’est une profanation »… Des militants intégristes jugés pour avoir empêché un concert dans une église
procès•A Carnac, plusieurs personnes avaient manifesté leur opposition à la tenue du concert de l’organiste Kali Malone20 Minutes avec AFP
«Un concert de musique électronique dans un lieu de culte, ça pose problème, c’est une profanation, un manque de respect de la religion. » C’est par ces mots que le responsable local du groupe catholique Civitas a défendu son action à Carnac devant le tribunal correctionnel de Lorient. Le 13 mai 2023, cet homme âgé de 29 ans était entouré d’une trentaine de personnes pour empêcher la tenue du concert de la musicienne américaine Kali Malone dans l’église Sainte Cornely de Carnac. Une autre femme, adhérente de Civitas, était également jugée pour les mêmes faits.
Autorisé par le curé et le diocèse, le concert avait dû être annulé à la suite de la mobilisation du groupe intégriste, depuis dissous. Lors de leur procès mercredi devant le tribunal correctionnel de Lorient, le parquet a requis une peine d’emprisonnement de cinq mois, avec un sursis simple, pour le responsable local de Civitas, et une amende de 500 euros pour l’adhérente.
Ils étaient tous deux jugés pour entrave concertée avec menace à l’exercice de la liberté d’expression et pour avoir appelé à manifester sur la voie publique sans déclaration. « J’étais au pied du mur, en tant que catholique, on doit défendre notre religion », a témoigné le responsable local, indiquant qu’il « recommencerait » si la situation devait se reproduire.
« Vade retro satanas »
La quinquagénaire a quant à elle reconnu avoir lancé « vade retro satanas » à une spectatrice habillée « tout en noir », estimant que cette personne était « satanisée ». Les prévenus sont « des gens qui ne respectent pas la loi » et qui ont « menacé » la République, a estimé Me Vincent Tolédano, avocat de Kali Malone, l’une des parties civiles dans l’affaire. La défense a, elle, plaidé « l’affectation exclusive » des églises au culte. « Une église n’est pas une salle de spectacle », a déclaré Me Tangi Noël, qui représentait les deux prévenus. Le jugement a été mis en délibéré au 25 mars.