Où est passé Marco Mouly ? « Le roi de l’arnaque » a appris, le 8 mars dernier, qu’il risquait de retourner en prison. La juge d’application des peines a en effet décidé de révoquer le sursis dont il bénéficiait dans une affaire d’escroquerie en bande organisée vieille de vingt-cinq ans. « Marco l’élégant », 60 ans, aurait appelé la rédaction de Mediapart après avoir pris connaissance du jugement pour annoncer qu’il partait en cavale. « J’en veux à la société. Je me tiens à carreau et voilà qu’on me ressort une vieille affaire de 1998 ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Bah ouais, je défie la police… », aurait-il déclaré au journaliste Fabrice Arfi, auteur, en 2018, du livre D’argent et de sang, qui raconte l’affaire des quotas carbone. L’ouvrage a depuis été adapté par Canal+ dans une série du même nom sortie récemment.

Mais Marco Mouly a depuis contesté avoir tenu ces propos, comme il l’a expliqué sur C8. Ou peut-être les regrette-t-il. Il a interjeté appel de la décision et sollicité une détention à domicile sous surveillance électronique. « Les faits sont tellement anciens que rien ne justifie qu’il ne soit pas placé sous bracelet électronique le temps de l’appel. D’autant qu’il n’a pas été mis en cause dans une nouvelle procédure depuis sa sortie de détention en mai 2020 », explique à 20 Minutes son avocat, Me Philippe Ohayon. « Je trouve cette décision un peu inquiétante, on a l’impression que l’autorité judiciaire en a fait une affaire personnelle », ajoute-t-il.

Une affaire vieille de 25 ans

Marco Mouly est surtout connu pour être l’un des protagonistes de « l’escroquerie du siècle », un gigantesque arnaque à la taxe carbone. En juillet 2016, Marco Mouly et Arnaud Mimran ont été condamnés à huit ans de prison et à un million d’euros d’amende à 285 millions d’euros de dommages et intérêts par le tribunal correctionnel de Paris. Après s’être présenté à toutes les audiences lors de son procès, Marco Mouly n’était pas venu pour le délibéré, préférant prendre la fuite. Il a été arrêté quatre mois plus tard en Suisse. Et en juin 2017, la cour d’appel de Paris a confirmé les peines prononcées en première instance contre les deux hommes.

Mais, on l’a dit, c’est une affaire remontant aux années 1998 et 1999 qui lui vaut de voir son sursis révoqué. Le 18 avril 2019, Marco Mouly a été condamné par la cour d’appel de Paris à une peine de trois ans de détention, assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve, et à une amende de 15.000 euros. La justice lui reprochait d’avoir été impliqué dans une affaire d’escroquerie à la TVA au préjudice de l’Etat danois. Cinq ans plus tard, donc, la juge d’application des peines considère qu’il n’a pas respecté plusieurs des obligations fixées. Alors qu’il avait l’obligation de travailler, la justice estime qu’il a occupé « un emploi fictif » de community manager et qu’il a fourni « des fausses fiches de paie ». Par ailleurs, la magistrate note qu’il n’a pas réglé en totalité l’amende. Il doit encore verser 11.569 euros sur les 15.000 euros qu’il doit.

« La justice n’a pas le droit de lui en tenir rigueur »

La juge a donc ordonné la révocation partielle à hauteur de 18 mois de la peine de trois ans qui avait été prononcée. L’avocat de Marco Mouly « espère que cet acharnement n’a aucun lien avec sa présence dans les médias ».

Depuis sa sortie de prison, en avril 2020, Marco Mouly a multiplié les interventions dans les médias et a été la star de la série documentaire de Netflix Les rois de l’arnaque. Il a fait savoir récemment qu’il travaillait sur un second livre et avait décroché un rôle principal dans un film. « Il en a le droit et la justice n’a pas le droit de lui en tenir rigueur en l’incarcérant », souligne Me Ohayon.