Pas-de-Calais : Un gendarme du GIGN jugé pour avoir tué un membre d’une bande de voleurs
Procès•Un gendarme du GIGN de Reims comparaît devant la cour criminelle du Pas-de-Calais pour avoir tué, lors d’une interpellation, un homme suspecté d’appartenir à un gang de violents cambrioleurs issus de la communauté des gens du voyage20 Minutes avec AFP
Tir « légitime » ou non ? Depuis ce lundi matin, devant la cour criminelle du Pas-de-Calais, se tient le procès d’un gendarme du GIGN. Le militaire est accusé d’avoir involontairement tué un homme de 22 ans lors d’une intervention liée à des cambriolages.
Alexandre B., chef de groupe d’une unité au GIGN de Reims, est poursuivi pour « violence d’une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Il est l’auteur, lors d’une interpellation en 2018, d’un tir mortel à la nuque sur Henri Lenfant, un homme suspecté d’appartenir à une bande de cambrioleurs. « J’ai agi. J’ai fait mon tir. Mais mon souhait n’était pas de tuer la personne mais de sauver ma vie », a-t-il regretté devant la quinzaine de proches de la victime, dont certains en larmes.
Il a tenté d’éjecter le gendarme de sa voiture en marche
Le gendarme, assis en uniforme sur le banc des accusés, faisait partie des militaires appelés en renfort à Arras pour enquêter sur des vols en bande organisée lors de périples nocturnes. Les militaires avaient été conduits jusqu’à ces membres d’un camp de gens du voyage, dont faisait partie Henri Lenfant, grâce aux véhicules utilisés lors des cambriolages.
Le soir du 21 septembre 2018, son escouade tentait d’interpeller trois personnes dans une BMW, selon le récit de la présidente de la cour criminelle. Alors que les passagers du véhicule réussissent à prendre la fuite, le conducteur, Henri Lenfant, reste au volant, moteur éteint.
Les gendarmes essaient de l’extirper du véhicule, mais il refuse de sortir. Côté passager, portière ouverte, Alexandre B. tire le frein à main, à genoux sur le siège passager et s’applique, en vain, à retirer les clés du contact. Henri Lenfant redémarre la voiture et accélére soudainement, tout en tentant de pousser le gendarme à l’extérieur. Alexandre B., toujours à genoux sur le siège passager, les jambes à moitié dans le vide, s’acharne alors à rester dans le véhicule. Se sentant en danger, il sort son arme et tire. La balle s’est logée dans la nuque du jeune homme, décédé aux alentours de 4 heures du matin.
Ce lundi, la présidente de la cour criminelle a souligné que les personnes mises en cause étaient très violentes, avec des comportements dangereux, prêtes à tout pour échapper à leur arrestation. Au cours des quatre jours de procès, la cour criminelle devra déterminer si le tir du militaire était ou non légitime. Le gendarme risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
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