Lille : Les subventions publiques pour le lycée Averroès restent suspendues avant un nouveau jugement
statu quo•Le tribunal administratif de Lille confirme, en référé, la suspension des subventions pour le lycée privé lillois Averroès, en attendant de juger l’affaire sur le fondGilles Durand
L'essentiel
- Le tribunal administratif de Lille a décidé que la suspension du contrat liant le lycée privé musulman Averroès à l’Etat était maintenue.
- Les juges ont estimé que le lycée Averroès s’était soustrait à deux reprises à ses obligations de contrôle par l’Etat, en particulier en s’opposant à un contrôle inopiné de son CDI.
- D’après les juges, il est également établi que les cours d’éthique musulmane reposaient sur des commentaires des « quarante hadiths de l’iman An-Nawawi » comprenant des appréciations contraires aux valeurs de la République.
Les subventions restent, pour l’instant, suspendues. Saisi en référé par l’association Averroès, le personnel du lycée et les parents d’élèves, le tribunal administratif de Lille a décidé, ce lundi, en référé (c’est-à-dire en urgence) qu’il n’y « avait pas lieu de maintenir le contrat d’association liant le lycée Averroès à l’Etat jusqu’à ce que la décision de résiliation de ce contrat, prise par le préfet du Nord, soit examinée par les juges sur le fond ». En clair, il faudra attendre un peu pour savoir si, finalement, le lycée peut retrouver son financement de l’Etat.
L’avocat du lycée musulman privé Averroès avait dénoncé, lors de l’audience, fin janvier, le « détournement de pouvoir manifeste » de l’ancien préfet du Nord, Georges-François Leclerc. Ce dernier avait décidé de rompre, dès la rentrée de septembre 2024, le contrat (et donc les subventions publiques) liant l’Etat au lycée lillois, en raison d’enseignements jugés « contraires aux valeurs de la République ».
Contraires aux valeurs de la République
Les juges ont néanmoins déjà estimé que le lycée s’était soustrait à deux reprises à ses obligations de contrôle par l’Etat, « en particulier en s’opposant sans motif suffisant à un contrôle inopiné du CDI prévu le 27 juin 2022 ».
Selon eux, il est également « établi que les cours d’éthique musulmane reposaient essentiellement sur une version des commentaires des « quarante hadiths de l’iman An-Nawawi », qui compte des appréciations contraires aux valeurs de la République, notamment sur l’égalité entre les hommes et les femmes, l’application de la peine de mort en cas d’apostasie et la supériorité des lois divines sur toute autre considération ».
L’établissement lillois de 400 élèves, ouvert en 2003 avec le soutien de l’ex-UOIF (devenu Musulmans de France), dans la foulée de l’interdiction du voile dans les lieux scolaires, était devenu en 2008 le premier lycée musulman de France à passer sous contrat. Depuis, il se classe régulièrement parmi les meilleurs de la région.
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