Ciment de sangVers un procès du cimentier Lafarge pour financement du terrorisme en Syrie

Vers un procès du cimentier Lafarge pour « financement du terrorisme » en Syrie

Ciment de sangLe parquet national antiterroriste soupçonne le groupe Lafarge d’avoir versé un total de 5 millions d’euros entre 2013 et 2014 à des groupes djihadistes afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Vendredi, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis la tenue d’un premier procès pour « financement du terrorisme » contre le cimentier Lafarge et d’anciens de ses dirigeants pour ses activités en Syrie jusque 2014, a appris l’AFP de source proche du dossier. Outre l’entreprise, désormais filiale d’Holcim, ce sont neuf personnes, dont l’ex-PDG Bruno Lafont, pour lesquelles le Pnat demande un procès devant le tribunal correctionnel.

Le groupe Lafarge est soupçonné d’avoir versé, en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), un total de plus de 5 millions d’euros à des groupes djihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s’enfonçait dans la guerre.

L’ex-PDG soupçonné d’avoir « validé la stratégie »

D’après des éléments des réquisitions signées vendredi, Lafarge SA a fourni ces millions d’euros « dans l’intention de voir ces fonds utilisés ou en sachant qu’ils étaient destinés à être utilisés […] en vue de commettre des actes de terrorisme […] au profit des entités terroristes Ahrar al-Sham, Jabhat al-Nosra et État islamique en Irak et au Levant devenu État islamique ». Le Pnat estime que l’ex-PDG, Bruno Lafont, « a validé la stratégie suivie en maintenant l’activité de la cimenterie en connaissance des financements distribués aux groupes terroristes ».

Un autre volet, portant sur une possible complicité de crimes contre l’humanité de la société, est lui toujours sous enquête. Mi-janvier, la Cour de cassation a définitivement validé la rarissime mise en examen de la société pour cette infraction, rendant plausible un autre procès, cette fois devant les assises. La plus haute juridiction judiciaire avait en revanche annulé les poursuites pour mise en danger des salariés de la cimenterie.