Jugé pour escroquerie, le maire de Roubaix sera-t-il inéligible ?

Roubaix : Le maire risque l’inéligibilité pour escroquerie en bande organisée

ProcèsSix personnes, dont le maire de Roubaix, Guillaume Delbar, sont jugées en appel dans un dossier de défiscalisation frauduleuse. L’avenir politique de l’élu dépendra du délibéré qui sera rendu le 13 mai
20 Minutes avec AFP

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Ce mardi, le parquet a réclamé la confirmation des peines de première instance à l’encontre de six prévenus, jugés en appel pour un système frauduleux de défiscalisation via des micro-partis. Parmi eux, le maire DVD de Roubaix, Guillaume Delbar, condamné à deux ans d’inéligibilité pour « escroquerie en bande organisée ». Parmi les prévenus, certains sont également poursuivis pour « abus de confiance » et « recel d’abus de confiance ».

Guillaume Delbar, maire de Roubaix, une ville parmi les plus pauvres de France, avait été condamné à six mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité. Il avait néanmoins échappé à l’exécution provisoire de la peine et donc à une démission d’office. Son ex-premier adjoint, Max-André Pick (LR), avait été le plus lourdement condamné : 18 mois de prison dont six avec sursis, trois ans d’inéligibilité et 10.000 euros d’amende.

« C’est mieux que La Française des jeux »

« On a un petit groupe d’amis qui vont faire des dons à des partis politiques et qui vont récupérer plus que leur mise par ces partis politiques », a plaidé l’avocat général, Christophe Delattre, ironisant : « C’est mieux que La Française des jeux ». Il a demandé à la cour « la confirmation » des peines de première instance à l’encontre de tous les prévenus.

Lundi, à l’audience, le maire de Roubaix était apparu assis, tremblant à cause d’une douleur chronique au dos. « En première instance j’ai eu l’impression qu’on voulait le scalp du maire de Roubaix, » a-t-il affirmé, assurant « ne pas avoir connaissance » de ce système.

Mis en place à deux reprises, via les partis « Vivement demain » puis « Vivre autrement localement », ce système avait perduré de 2015 à 2020, faisant transiter des dizaines de milliers d’euros entre ces micro-partis censés financer des campagnes électorales et des associations fictives.

Ils pensaient la méthode « légale »

Les donateurs pouvaient bénéficier d’une réduction d’impôts à hauteur de 66 % des sommes versées, mais récupéraient en plus, via des chèques de ces associations « coquilles vides », au moins 50 % des montants initialement versés.

Le maire de Roubaix est rejugé au côté de Pascal Legrand, ancien président du micro-parti « Vivement demain », qui, avec Max-André Pick, a reconnu être à l’origine de l’élaboration de ce « système de défiscalisation ». Ils ont assuré avoir pensé que la méthode était « légale ». « Nous avons considéré qu’il y avait une faille fiscale que nous voulions utiliser, et qui n’en était pas une », a déclaré à l’audience Max-André Pick. Le fils de ce dernier, ainsi que l’épouse du maire et une adjointe, Karima Zouggagh, sont également rejugés.

A l’audience, logiquement, les avocats de la défense ont tous demandé la relaxe de leurs clients. La cour rendra son délibéré le 13 mai. De cette décision dépendra l’avenir politique du maire de Roubaix.