françafriqueAccusée de corruption au Gabon, Pascaline Bongo devant les juges en France

Soupçonnée de corruption, Pascaline Bongo, fille d’Omar et sœur d’Ali, devant la justice française

françafriqueLa fille et sœur des deux ex-présidents du Gabon comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour corruption passive en 2010 et 2011
Gilles Durand

G.D. avec AFP

Dans la famille Bongo, la justice demande la fille. Qui est Pascaline Bongo dont le procès s’est ouvert, ce lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris ? Il s’agit de fille aînée du défunt président du Gabon, Omar Bongo, et de la sœur du président déchu, Ali Bongo. La tête recouverte d’un foulard bleu, en long manteau marron, Pascaline Bongo, 67 ans, est jugée pour des soupçons de corruption passive au Gabon en 2010 et 2011.

Une dynastie sulfureuse

Omar Bongo s’installe au pouvoir au Gabon en 1967 pour ne le lâcher qu’à sa mort, en 2009. C’est son fils Ali Bongo qui lui succède. Le nom d’Omar Bongo est fortement lié à ce que l’on appelle la « françafrique », ce lien économique privilégié entretenu avec l’ancienne puissance coloniale française. Le nom d’Omar Bongo est également cité dans l’affaire politico-financière Elf, à la fin des années 1990, puis dans celle dite des « biens mal acquis », dix ans plus tard.

Dans cette affaire, des juges parisiens se penchent depuis plus de 15 ans sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis aux familles des présidents Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Bongo de s'être constitué un patrimoine immobilier et mobilier considérable en France.

Directrice de cabinet de son père Omar jusqu’à sa mort, puis collaboratrice de son frère Ali, renversé par un coup d’Etat en août, Pascaline Bongo est, pour sa part, soupçonnée d’avoir accepté d’intervenir en faveur de la société française Egis Route dans l’attribution de marchés publics contre la promesse de huit millions d’euros.

Que lui reproche-t-on exactement ?

Selon le quotidien Libération qui a dévoilé l’affaire, Pascaline Bongo est soupçonnée d’avoir accepté un « partenariat fictif » pour qu’Egis participe à la création de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon via un marché public de consulting. Cette structure, créée par Ali Bongo après son arrivée à la tête du Gabon, supervisait les chantiers d’infrastructures (routes, stades) et les projets immobiliers publics.

Sur le banc des prévenus aux côtés de Pascaline Bongo, comparaissent Egis Route, représenté par son directeur général, deux de ses anciens cadres et son directeur commercial, Christian Laugier, anciennement chargé des activités Afrique et ex-directeur général du groupe. Ces quatre prévenus poursuivis pour corruption active sont soupçonnés d’avoir proposé à Pascaline Bongo une rétrocommission de huit millions d’euros en échange d’un contrat.

Pascaline Bongo, une femme seule, selon son avocate

Dès le début de l’audience, son avocate Corinne Dreyfus-Schmidt a plaidé pour la « nullité complète » de la procédure saluant au passage « une femme courageuse » qui n’a pas hésité « à faire plus de 6.000 km pour comparaître devant un tribunal français ».

« Pascaline Bongo n’est pas le Gabon. C’est une femme seule », a-t-elle soutenu, contestant la compétence de la justice française pour « juger des faits qui datent de 14 ans, au Gabon et par une personne de nationalité gabonaise ». A l’époque des faits, a souligné Me Dreyfus-Schmidt, Pascaline Bongo « n’est plus rien, elle n’est pas à la tête de l’Etat ».

Le procès doit se poursuivre jusqu'à jeudi.