Le lycée musulman Averroès se défend en dénonçant le cas de l’établissement catholique « Stanislas »
deux poids, deux mesures ?•Face au tribunal administratif de Lille, le lycée musulman Averroès a plaidé contre la décision du préfet de mettre fin au contrat qui lie l’établissement à l’Education nationale20 Minutes avec AFP
«Deux poids, deux mesures par rapport à d’autres établissements » privés. Le lycée musulman Averroès a dénoncé, mercredi, devant la justice administrative, le « détournement de pouvoir manifeste » du préfet du Nord dans sa décision de rompre son contrat avec l’Etat, en raison d’enseignements jugés « contraires aux valeurs de la République ».
C’est « une mesure de police administrative qui vise davantage l’identité de l’établissement et ce qu’il porte » que de potentiels « manquements administratifs ». A peine le fond de l’affaire est-il abordé devant le tribunal administratif de Lille que Vincent Brengarth, avocat du lycée Averroès, assène les premiers coups.
Les « dérives » homophobes de « Stanislas »
A ses yeux, la décision prise en décembre par Georges-François Leclerc, alors préfet du Nord, de rompre dès la rentrée de septembre 2024 le contrat (et donc les subventions publiques) liant l’Etat au lycée lillois, constitue « un deux poids deux mesures ». Beaucoup dans l’assistance ont à l’esprit le prestigieux lycée catholique Stanislas, épinglé dans un rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale relatant des « dérives », notamment homophobes. Ce même lycée qui est au centre d’une intense polémique depuis la prise de fonction de la nouvelle ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, qui y a scolarisé ses fils.
Un peu plus tôt, l’avocat de la préfecture, François Pinatel, s’était efforcé de balayer le sujet Stanislas, dont le nom ne sera jamais prononcé : « Je ne répondrai pas sur ce dernier point [le ''deux poids deux mesures''], qui est d’ailleurs contredit par l’actualité ».
Pour justifier la décision du préfet, contre laquelle le tribunal administratif est saisi en référé-suspension, Me Pinatel met en avant une « adhésion matériellement établie » du lycée Averroès « à des doctrines manifestement contraires aux valeurs que doit véhiculer l’enseignement privé sous contrat d’association ». L’avocat rappelle qu’une inspection de 2015 « avait pointé » les « ambivalences de l’établissement » et « l’omniprésence » du religieux.
Un propos appuyé ensuite par Louis-Xavier Thirode, préfet du Nord par intérim, appelé à conclure : « Il faut quand même rappeler d’où vient le lycée Averroès […], très lié à la mouvance des Frères musulmans et à l’UOIF. »
« Aucune perméabilité » entre Musulmans de France et équipe pédagogique
« Il n’y a aucune perméabilité » entre Musulmans de France et l’équipe pédagogique de l’établissement, « qui fonctionne de manière autonome, avec un directeur qui accomplit ses fonctions pour le compte de l’Etat », répond Paul Jablonski, autre conseil du lycée.
Me Brengarth insiste sur le danger que fait peser sur le lycée la décision préfectorale, « arrêt de mort » pour un établissement qui ne parviendra pas à fonctionner sans ses subventions, et dont 61 % des élèves sont boursiers.
La décision est attendue, au mieux, pour le milieu de semaine prochaine. « Nous allons prendre le temps », s’excuse le président du tribunal. « Je ne peux pas vous dire quel jour nous allons rendre notre décision ».
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