Nord : Le président et la directrice d’une communauté Emmaüs jugés en juin
Procès•Alors que plusieurs compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Saint-André sont en grève depuis juillet dernier, le président et la directrice de cette communauté seront jugés pour « travail dissimulé » et harcèlement moral20 Minutes avec AFP
«La directrice et le président de la Halte-Saint-Jean à Saint-André-lez-Lille ont été entendus sous le régime de la garde à vue et déférés ce jour [mercredi] au parquet », a indiqué à l’AFP la procureure de Lille Carole Etienne. « Ils se voient reprocher des faits de travail dissimulé aggravé et, en sus, pour la directrice, des faits de harcèlement moral », a-t-elle ajouté, précisant qu’ils seront jugés le 13 juin 2024.
Le parquet de Lille avait ouvert, en mai 2023, une enquête pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé » visant la Halte-Saint-Jean. Une communauté Emmaüs dont 21 compagnons, tous sans-papiers, se sont mis en grève, début juillet, pour dénoncer leurs conditions de travail et demander leur régularisation.
« Surveillance constante » et « climat raciste »
Les grévistes assurent travailler 40 heures par semaine, sous surveillance constante, dans un climat qu’ils qualifient de raciste. Ils déplorent aussi de toucher un pécule mensuel inférieur à celui préconisé par Emmaüs France (392 euros), avec des perspectives de régularisation incertaines.
La philosophie du mouvement créé par l’Abbé Pierre en 1949 veut que les compagnons soient nourris et logés et bénéficient d’un accompagnement social pour préparer leur réinsertion. Ni bénévoles, ni salariés, ils doivent contribuer au fonctionnement de la communauté, « sans lien de subordination ».
Depuis 2018, un sans-papiers qui peut justifier d’au moins trois années d’activité dans un Organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires (OACAS), mais aussi de perspectives d’intégration, peut se voir accorder une carte de séjour. Pour autant, ce n’est pas automatique et la décision revient toujours au préfet. Et la Halte-Saint-Jean est une des rares communautés Emmaüs de France à ne pas avoir adopté le statut d’OACAS.