Tuerie des Plantiers : Après le double meurtre de 2021, l’heure du procès
Assises•La mort de Luc et Martial, patron et employé d’une scierie, avait été suivie de trois jours de cavale par l’accusé, Valentin Marcone, qui s’était finalement livré aux gendarmesJérôme Diesnis
L'essentiel
- Le procès de Valentin Marcone s’ouvre mercredi devant la cour d’assises du Gard.
- Il est accusé du double meurtre de Luc Teissonnière, son patron, et de Martial, un autre employé de la scierie où s’est déroulé le drame, le 11 mai 2021, dans la commune des Plantiers (Gard).
- Valentin Marcone a reconnu d’avoir tué les deux hommes tout au long de l’instruction. Le jury populaire devra se prononcer sur la préméditation et sur l’altération du discernement que pointe l’expertise psychologique.
Que s’est-il passé dans la tête de Valentin Marcone, le 11 mai 2021 ? Ce jour-là, cet homme de 29 ans se rend à son travail, la scierie Teissonnière, dans la commune cévenole des Plantiers. Une remarque et la scène se transforme en bain de sang. Il sort une arme et abat son patron. Puis il en fait de même avec un autre employé, Martial, qui tente de s’interposer.
« Ne me tue pas », le supplie Vincent, témoin clé de ce double homicide, finalement épargné. « Au début, on se pose la question en se disant : "Pourquoi eux et pas moi", explique-t-il. Et après, on se dit : "Au final, t’as de la chance d’être encore là" ».
Le jury populaire va devoir tenter de comprendre les circonstances du passage à l’acte, alors que s’ouvre le procès pour assassinat, ce mercredi, devant la cour d’assises du Gard. Et sa qualification : meurtre ou assassinat ? « On a l’impression que l’accusé se cache derrière une pseudo-folie pas établie. Au moment des faits, il était calme, serein, déterminé, dans la toute-puissance. S’il avait été dans un état second, il n’aurait pas eu la lucidité d’épargner Vincent. Il faut qu’il assume » estime, auprès de Midi Libre, l’avocat des parties civiles, Rémy Nougier.
La question de l’altération du discernement
« Valentin comprend toute la violence de son acte et continuera à l’assumer comme depuis le début de sa garde à vue », soulignent ses avocats, Hélène Mordaq et Florence de Prato, qui vont plaider l’altération du discernement. « Trois expertises psychiatriques disent la même chose. On va essayer de faire en sorte qu’il obtienne la peine la plus juste, on sait qu’elle va être lourde mais il faut qu’elle puisse prendre en compte tous les éléments et bien sûr la souffrance des parties civiles. »
L’affaire avait pris une autre dimension avec la traque qui s’était ensuivie. Ce 11 mai, l’auteur du double homicide retourne chez lui, y récupère une arme, et part se cacher dans la forêt voisine. « C’est un loup solitaire », dit de lui le président du comité de chasse local. Bernard Mounier est exfiltré de son domicile par les gendarmes : le maire de l’époque est une cible potentielle. « Il est connu du parquet, mais essentiellement pour toute une série de plaintes avec l’ancien maire de la ville et ses assistants », précise alors, le procureur de la République d’Alès, François Schneider.
Au bout de trois jours, le tireur a fini par se livrer. Il s’était terré dans un trou à sanglier, échappant aux battues des gendarmes. Il est, depuis, incarcéré. Dans ce petit village où tout le monde se connaît, la mère de sa femme avait été la nounou des enfants des époux Teissonnière.