ProcèsSursis requis dans le procès de l’inondation meurtrière dans un Ehpad Orpea

Orpea : Sursis requis contre l’ex-maire et la directrice après une inondation meurtrière dans un Ehpad

ProcèsTrois résidentes, âgées de 82, 91 et 94 ans, étaient mortes noyées de leur résidence du groupe Orpea située à Biot, dans les Alpes-Maritimes lors des inondations d’octobre 2015 qui avaient frappé la Côte d’Azur
20 Minutes avec AFP

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Huit ans après le drame, des peines de douze à dix-huit mois de prison avec sursis ont été requises jeudi au procès de l’inondation meurtrière de l’Ehpad du groupe Orpea de Biot (Alpes-Maritimes). Dénonçant une « impréparation totale », le procureur Alain Guimbard a requis dix-huit mois de prison avec sursis contre l’ex-maire de la commune Guilaine Debras et douze mois avec sursis contre le responsable des risques naturels de la ville, Yann Pastierik, ainsi que contre l’ancienne directrice de la maison de retraite privée, Anaïs Gledel. Une amende de 50.000 euros a été demandée contre le groupe Orpea.

Les quatre prévenus comparaissaient depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Grasse pour homicides involontaires. Le jugement a été mis en délibéré au 25 mars.

Le « déni total de responsabilité » des prévenus

Après trois jours de débats, le procureur Guimbard a dénoncé le « dialogue de sourds » qui a prévalu et le « déni total de responsabilité » des prévenus, aux réponses souvent évasives. Le soir du 3 octobre 2015, des orages catastrophiques avaient transformé plusieurs rivières de la Côte d’Azur en torrents d’eau et de boue, causant la mort de 20 personnes et des dégâts considérables.

A Biot, commune vallonnée de près de 10.000 habitants au nord d’Antibes, une vague de submersion avait dévasté plusieurs quartiers et envahi le rez-de-chaussée de la maison de retraite. Trois résidentes, âgées de 82, 91 et 94 ans, y étaient mortes noyées. Dix-huit autres avaient survécu. Météo-France avait bien placé le département en vigilance « orange », mais aucune mesure d’alerte ou de prévention n’avait été prise à Biot. Un arrêté municipal d’octobre 2005 exigeait pourtant, en cas d’alerte, la mobilisation automatique de renforts à l’Ehpad et l’évacuation des résidents à l’étage.

Mais, depuis, des bassins de rétention creusés en amont avaient donné un sentiment de sécurité et l’arrêté avait sombré dans l’oubli. Et si certes la commune n’avait pas alerté l’Ehpad, Anaïs Gledel a reconnu qu’elle n’aurait pas pour autant pris l’initiative de l’évacuation, ignorant que l’établissement se trouvait en zone inondable. Agée alors de 29 ans et en poste depuis un mois, elle a ensuite été mutée en interne puis licenciée en 2021, après la naissance de ses jumelles. « Etre mise en examen pour un mois de direction, ça a détruit ma vocation et ça a détruit ma vie », a-t-elle raconté, en larmes.