Tarn-et-Garonne : Deux cadres d’Emmaüs jugés pour détournement de fonds
PROCES•La justice s’intéresse à la disparition inexpliquée entre 2017 et 2023 de 57.000 euros des caisses d’Emmaüs en Tarn-et-Garonne20 Minutes avec AFP
Deux cadres d’Emmaüs sont dans la tourmente. La disparition inexpliquée entre 2017 et 2023 de 57.000 euros des caisses de l’association dans le Tarn-et-Garonne a été au centre, mardi soir à Montauban, du procès pour détournement de fonds de deux responsables de l’association caritative et de leurs épouses.
Au cours de l’audience, le directeur et le directeur adjoint d’Emmaüs en Tarn-et-Garonne, qui nient être à l’origine de cette disparition de fonds, ont dû se justifier sur le dépôt de sommes en liquide bien plus importantes – dépassant les 140.000 euros au total – sur des comptes leur appartenant.
« Je suis sûr de n’avoir rien pris à Emmaüs »
Devant le tribunal, le directeur, âgé de 54 ans, a souligné que les 83.000 euros déposés en liquide entre 2018 et 2022, provenaient de dons de la famille de son épouse, âgée de 49 ans, ou d’argent donné volontairement par des dizaines de personnes hébergées dans la maison du couple à partir de 2002. « Je suis sûr de n’avoir rien pris à Emmaüs. Ni moi, ni mon collègue », a-t-il assuré.
Interrogé par la présidente, il a toutefois reconnu des moments de « grande pagaille dans la comptabilité » de l’association, avant d’affirmer avoir pris conscience de la disparition de fonds mais ne pas avoir souhaité faire de signalement, notamment pour ne pas nuire à l’image de l’association. « Vous avez une mémoire extrêmement sélective », a estimé de son côté la vice-procureure Lisa Bergereau, dénonçant des « déclarations mensongères » du prévenu devant les gendarmes.
Les enquêteurs rejettent une possible « erreur de comptabilité »
Les deux responsables sont poursuivis notamment pour « abus de confiance au préjudice d’association faisant appel au public pour collecte de fonds d’entraide humanitaire ou sociale ». Leurs épouses sont également poursuivies, notamment pour « blanchiment aggravé », car les espèces ont été déposées sur des comptes joints ou des assurances-vie.
En 2019, après le signalement par un expert-comptable d’un « trou » de 57.000 euros dans les comptes, le président d’Emmaüs Tarn-et-Garonne avait déposé une plainte. Les enquêteurs ont par la suite exclu une possible « erreur de comptabilité ».
De six à douze mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de deux responsables d’Emmaüs et de leurs épouses. La décision du tribunal a été mise en délibéré et sera communiquée le 16 janvier.