ENQUÊTETrois jeunes gens jugés pour un trafic de glyphosate

Vaucluse : Trois jeunes jugés pour un trafic de glyphosate

ENQUÊTELa justice reproche à trois jeunes vauclusiens d’avoir vendu sur Internet du glyphosate sans disposer de l’agrément nécessaire en France
Alexandre Vella

Alexandre Vella

Ils avaient flairé le bon filon en proposant à la vente du glyphosate, ce puissant herbicide dont la Commission européenne vient de renouveler l’autorisation pour dix ans avec l’abstention de la France au moment du vote. Souci : la vente de ce pesticide, aux effets néfastes pour la santé ou l’environnement, est soumise à agrément en France depuis le 1er janvier 2019. Sa commercialisation est donc l’apanage de quelques structures. Ce qu’ignoraient, à dessein ou non, trois jeunes hommes originaires du Vaucluse, qui seront jugés mardi par le tribunal correctionnel d’Avignon pour avoir vendu en ligne ce produit. Il semblerait que chacun réalisait son petit commerce dans son coin, sans lien entre eux.

Dropshipping

« Mon client pratiquait le dropshipping de divers produits agricoles avec son autoentreprise », détaille Farid Faryssy, l’avocat de l’un des trois prévenus, âgé de tout juste 20 ans. Le dropshipping est une vente sur Internet dans laquelle le vendeur ne se charge que de la commercialisation et de la vente du produit. C’est le fournisseur du vendeur qui expédie la marchandise au consommateur final. Lorsqu’il recevait une commande, celle-ci partait en fait vers un fournisseur espagnol, qui l’expédiait directement à son client, n’empochant finalement qu’une marge sur cette transaction.

« Le glyphosate est en vente libre dans d’autres pays comme l’Espagne. Alors, d’accord, il n’a pas respecté la réglementation, on ne le conteste pas et il ne la connaissait pas, même si nul n’est censé ignorer la loi. Mais on y va assez tranquille, parce qu’on vient reprocher à trois jeunes d’avoir vendu du glyphosate alors qu’on en mange sous forme de résidu et qu’on en retrouve dans les nappes phréatiques », poursuit l’avocat.

Selon France nature environnement, partie civile dans cette affaire, les trois jeunes auraient eu plus de 650 clients. Sur Internet, le bidon de 5 litres de glyphosate commercialisé par une grande marque de pesticide se vend 140 euros. Les trois prévenus risquent deux ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende.