Remiremont : Après les décès suspects à l’hôpital, la direction reconnaît un « échec »
ENQUÊTE•Une douzaine de plaintes ont été déposées par des proches ou familles de patients contre l’hôpital vosgien. Le service de chirurgie orthopédique et traumatique est particulièrement ciblé car on y a recensé six décèsG.V. avec AFP
A Remiremont dans les Vosges, l’heure est aux regrets. La direction du centre hospitalier a reconnu mercredi un « échec » alors que plusieurs plaintes le visent pour des décès suspects, notamment dans son service de chirurgie orthopédique et traumatique, dont les soins programmés sont encore suspendus pour au moins huit jours. « La situation est totalement inédite », a regretté lors d’une conférence de presse organisée avec l’agence régionale de santé (ARS) Grand-Est le directeur général de l’établissement, Dominique Cheveau. « On peut considérer que nous n’avons pas accompli notre devoir ».
Pour rappel, une patiente est décédée le 3 octobre après un « événement indésirable grave » dans le service de chirurgie orthopédique et traumatique, alors que cinq autres morts suspectes au sein de la même unité avaient déjà donné lieu à l’ouverture, en janvier, d’une enquête médico-administrative de l’ARS Grand-Est, à la suite de plusieurs dépôts de plaintes de familles de patients.
Des dysfonctionnements
Cette première enquête a pris fin en septembre, a expliqué Virginie Cayré, directrice générale de l’ARS Grand-Est. Une seconde, ouverte après le dernier décès, a « confirmé les difficultés déjà identifiées dans les premiers rapports », a-t-elle ajouté. Parmi ces dysfonctionnements, l’ARS rapporte une « tenue médiocre des dossiers médicaux », l’absence de visite dans de bonnes conditions par le chirurgien des patients qui ont été opérés, des problèmes de « staff » médical ou encore un manque d’encadrement des internes par un tuteur. « L’inspection révèle des problèmes organisationnels », selon Virginie Cayré.
Un délai de huit jours
L’ARS, qui indique que l’hôpital a déjà fourni « un gros travail » pour y remédier, lui laisse un délai de huit jours. L’idée, réunir toutes les conditions d’une bonne prise en charge des patients, et assurera un suivi de la mise en place de ses injonctions avant de décider de la reprise ou non des soins programmés de ce service.
Le directeur de l’établissement, qui avait suspendu tous les soins chirurgicaux programmés le 4 octobre, prendra jeudi sa décision quant à la réouverture des autres services de chirurgie aux soins programmés. L’établissement a par ailleurs reconnu avoir déjà eu des « soupçons » de dysfonctionnements et assure travailler à les corriger depuis « plusieurs mois ». Mais ce décès suspect supplémentaire l’a contraint à « tout mettre à plat » afin d’assurer la sécurité des patients, selon le Dr Stéphanie Chevalier, présidente de la commission médicale d’établissement.
Une douzaine de plaintes ont été déposées par des proches ou familles de patients de l’hôpital, dont plusieurs après des décès suspects.