Pas-de-Calais : Une femme retrouvée morte piétinée, asphyxiée et jetée à la mer
Enquête•Quinze personnes ont été mises en examen dans le cadre d’une vaste enquête sur un trafic de migrants lié à la mort d’une jeune femme, fin septembre, lors d’une tentative de traversée de la MancheMikaël Libert
L'essentiel
- Le corps d'une migrante a été découvert sur la plage de Sangatte, dans le Pas-de-Calais.
- L'enquête a révélé qu'elle est morte lors d'une tentative de traversée vers la Grande-Bretagne à bord d'un « small boat » surchargé.
- Ce drame est lié à un vaste réseau de trafic de migrants, avec quinze membres présumés mis en examen.
Une mort tragique sur le chemin de l’El Dorado. Le 26 septembre, le corps d’une jeune femme était découvert sur la plage de Sangatte, dans le Pas-de-Calais. L’enquête, diligentée par le parquet de Boulogne-sur-Mer, avait rapidement permis d’établir qu’il s’agissait d’une migrante, morte lors d’une tentative de traversée vers la Grande-Bretagne. Les investigations autour de ce drame ont aussi permis de faire le lien avec une enquête en cours sur un vaste réseau de trafic de migrants, dont quinze membres présumés ont été mis en examen a-t-on appris auprès du parquet de Lille.
La jeune migrante, de nationalité érythréenne, est morte dans la nuit du 25 au 26 septembre, vers 5 heures du matin. Saisi de l’enquête, le parquet de Boulogne-sur-Mer a découvert que la victime avait tenté la traversée de la Manche à bord d’un « small boat », intercepté par les autorités britanniques au port de Douvres. Selon ces mêmes autorités britanniques, l’embarcation était largement surchargée avec 80 personnes à son bord.
« Piétinée dans une bousculade » et asphyxiée
Selon le parquet de Lille, les éléments de l’enquête ont établi que la jeune femme « apparaissait avoir été piétinée dans une bousculade impliquant des hommes, des femmes et des enfants ». L’autopsie a conclu que le décès de la victime était imputé « à une asphyxie résultant d’une restriction de ventilation ». Son cadavre avait ensuite été jeté à la mer. Une information judiciaire a été ouverte pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ».
Dans ce cadre, les investigations ont établi que les autres passagers du « small boat » étaient de nationalité « albanaise, algérienne, tchadienne, indienne, koweïtienne, libyenne, nigériane, somalienne soudanaise, syrienne et yéménite », liste le parquet de Lille. Un élément parmi d’autres présentant « un lien de connexité » avec une information judiciaire ouverte contre « X » par la JIRS de Lille, en juillet dernier, notamment pour association de malfaiteurs, trafic de migrants et blanchiment.
Saisie des deux informations judiciaires, la JIRS de Lille a diligenté deux enquêtes préliminaires. Elles ont mis en évidence, « à compter du mois de mai 2023, des activités d’une organisation d’un réseau de passeurs de dimension internationale permettant la traversée des migrants au Royaume-Uni via des small boats ». Début octobre, ces enquêtes ont débouché sur l’interpellation de 16 individus « de nationalité tunisienne syrienne, libyenne, irakienne, afghane, guinéenne et soudanaise », précise le parquet de Lille. Quinze d’entre eux ont été mis en examen et onze placés en détention provisoire. Pour les faits qui leur sont reprochés, les mis en cause encourent une peine de dix ans d’emprisonnement.
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