A Rennes, « l’adolescent reclus » était-il maltraité ou « sur-aimé » ?

Rennes : La mère de « l’adolescent reclus » devant la justice

PROCÈSLa mère du garçon de 15 ans, jamais scolarisé et anormalement maigre, comparaîtra ce jeudi après-midi pour « privation de soins » et « soustraction à ses obligations légales »
Jérôme Gicquel

J.G. avec AFP

L'essentiel

  • Jugée ce jeudi après-midi à Rennes, une mère de famille est accusée d’avoir coupé du monde son fils de 15 depuis sa naissance.
  • Lors d’un examen médical en 2022, les médecins avaient observé que l’enfant présentait une maigreur anormale ainsi que des troubles d’ordre éducatif et intellectuel.
  • La mère de l’enfant, placé depuis en foyer, réfute pour sa part toute maltraitance.

L’affaire avait provoqué un véritable déferlement médiatique courant mai. A Rennes, une mère de famille de 48 ans est accusée d’avoir coupé du monde son fils de 15 ans depuis sa naissance. C’est après un signalement médical que l’adolescent avait été retiré à sa mère en juillet 2022 et placé en foyer. Suite à une consultation aux urgences pédiatriques, les médecins avaient relevé que l’enfant ne pesait que 25 kg, soit deux fois moins que la moyenne des adolescents de son âge. Jamais scolarisé ni vacciné, ce dernier souffrait également, selon le corps médical, de déficits d’ordre éducatif et intellectuel.

Une version contredite par la mère de famille qui comparaîtra ce jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel de Rennes pour « privation de soins » et « soustraction à ses obligations légales. » Interrogée par de nombreux médias lorsque l’affaire a éclaté, la quadragénaire, originaire d’un milieu aisé, avait nié toute maltraitance, expliquant qu’elle assurait elle-même l’éducation de son fils à domicile et qu’il n’était en aucun cas caché ou enfermé. « Mon fils était tout le temps à la bibliothèque, au musée, au théâtre, dans les ludothèques, dans les expositions », avait indiqué la mère, qui a élevé son enfant seule à Paris avant de déménager à Rennes pendant la pandémie de Covid-19.

Un enfant « sur-aimé », selon l’avocat de la mère

Son avocat Maître Emmanuel Ludot assure aussi que l’adolescent n’était « ni maltraité, ni dénutri » mais a une corpulence « frêle », pesant « 33 kg pour 1,47 mètre » au moment de son placement. Il réfute également tout retard mental chez l’enfant. « L’aide sociale à l’enfance a constaté qu’il excellait dans certaines matières, comme en littérature, mais a trouvé des lacunes dans d’autres, comme les maths », souligne-t-il.

Selon lui, l’adolescent a surtout été « sur-aimé » avec une maman qui « l’étouffe et lui fait ce qu’il veut, mange ce qu’il veut, étudie ce qu’il veut ». « Il y a un trop-plein d’affection, contrairement à beaucoup de dossiers d’enfants maltraités où c’est l’inverse », affirme-t-il. Dans ce dossier « atypique » de l’aveu même de l’avocat, la mère de famille encourt une peine maximale de sept ans de prison et 100.000 euros d’amende.