ASSISESMichel Boudon, « paysan guérisseur » jugé pour viols sur des patients

Auvergne : Michel Boudon, « paysan-guérisseur » jugé pour trois viols et neufs agressions sexuelles sur des patients

ASSISESCe « dresseur de bœufs » qui se présentait comme un magnétiseur avait acquis une certaine notoriété, au point de faire l’objet de plusieurs reportages télévisés
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il a soigné pendant des années des centaines de personnes, allant jusqu’à conquérir une certaine célébrité grâce à des reportages télévisés et un court-métrage. Michel Boudon, « paysan guérisseur » sera jugé à partir de ce mercredi aux assises à Riom (Puy-de-Dôme), où il comparaîtra pour trois viols et neuf agressions sexuelles commis sur plusieurs de ses patients.

Agé de 72 ans, l’accusé a été dénoncé en 2020 par un jeune homme venu soulager ses douleurs après un grave accident de la route. Mais au cours de la consultation, l’agriculteur lui a « imposé une fellation », sous couvert de pratique thérapeutique « comme à la plupart des autres victimes en évoquant la nécessité de manipuler la zone basse du bassin, et entendait ainsi soigner les verrues, les maux de dos, etc. », explique son avocat Pierre-Emmanuel Girard.

Rebouteux, magnétiseur et dresseur de bœufs

Sur commission rogatoire, les enquêteurs vont entendre d’autres victimes, des hommes dont les plaintes avaient précédemment été classées sans suite. Le paysan, décrit dans un livre comme « montagnard, dresseur de bœufs et guérisseur » et qui affirme avoir découvert son « don » à 42 ans, est alors placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer toute activité de magnétiseur ou rebouteux. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses consultations dans la ferme héritée de ses parents à Saint-Jean-des-Ollières et de réitérer des actes sexuels, comme le révèlent d’autres patients qui se sont fait connaître en 2021 auprès des services de police.

Venus consulter pour des douleurs à la jambe, un eczéma, des problèmes intestinaux, tous font état de leur « sidération » et de leur « surprise » face à celui qu’ils accusent. Et disent avoir été dans l’incapacité de réagir. « Quand vous faites cette démarche, il y a une part de confiance, un laisser-aller. Mais dans la conscience collective, l’approche est compliquée : ce sont des hommes, majeurs, et ils n’ont pas réagi », souligne Me Maud Vian, avocate de deux autres victimes.

Des fellations pour « calmer les nerfs »

Lors de ses différentes auditions, l’accusé a reconnu les faits, assurant que cette pratique avait pour but de « calmer les nerfs » ou de « débloquer ». Le septuagénaire qui dit n’avoir jamais eu de relation sentimentale, a toujours vécu avec ses parents et sa grand-mère maternelle, se retrouvant seul dans la ferme familiale après leur décès.

« Le procès fera la part des choses entre le bien qu’il a procuré à des centaines voire des milliers de personnes, et le mal qu’il a fait, selon d’autres personnes, qui étaient soignées sans perversion de sa part », commente son avocat Me Patrick Roesch, qui n’a pas souhaité s’exprimer davantage.

« Malgré tout, il bénéficie toujours d’une certaine aura, se voit conforté dans son "art de guérison" avec un court-métrage, des livres et des commentaires élogieux sur Internet alors que mon client a toujours du mal à se reconstruire et que le procès va être une épreuve pour lui », déplore en réponse Pierre-Emmanuel Girard. L’avocat est persuadé que la liste des victimes pourrait s’allonger et que « certains n’ont pas parlé par sentiment de honte » tandis que Maud Vian assure aussi que ses clients « sont très gênés à l’approche du procès, à l’idée d’en parler. »

Michel Boudon encourt vingt ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi.