A Lille, le procès pour le meurtre d’un docker se révèle digne d’un polar

Lille : Le procès concernant le meurtre d’un docker se révèle digne d’un polar

Trafic de drogueA Lille se poursuit le procès de trois hommes soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’Allan Affagard, un docker retrouvé mort au Havre en 2020
20 Minutes avec AFP

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Mise à jour, le 12 octobre 2023 : Les trois prévenus ont été condamnés, ce jeudi, à des peines allant de cinq à huit années d’emprisonnement pour leur participation à l’enlèvement. Le tribunal correctionnel de Lille a reconnu ces trois trentenaires originaires de la région du Havre coupables « d’association de malfaiteurs » et les a placés sous mandat de dépôt.

Espionnage et menaces sur fond de trafic de drogue. A Lille, le procès de trois hommes soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’Allan Affagard, un docker retrouvé mort au Havre en 2020, a pris, lors du deuxième jour d’audience, des allures de roman noir et de polar. Mardi matin, un ancien directeur d’enquête de la police judiciaire (PJ) du Havre a notamment fait état devant la chambre correctionnelle de la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée) de messages malveillants reçus par le docker.

Mis en examen depuis juillet 2018, dans une vaste affaire de trafic de drogue, Allan Affagard avait déposé plainte le 30 mars 2020, « suite à des sollicitations via WhatsApp », a déclaré ce témoin. Les échanges entre le docker et l’auteur de ces sollicitations avaient pris un ton plus menaçant. « Je vais te rappeler ce soir, je sais tout sur toi (…) tranquille je te rebippe ce soir, arrête Allan (…) je sais que tu vas souvent à Rouen », avait notamment écrit cet individu.

Une balise pour suivre à distance les déplacements du couple.

« Les menaces étaient prises très au sérieux », a indiqué l’enquêteur. Selon son ex-compagne, le docker avait « équipé sa maison de pistolets à billes ». Elle avait découvert « un couteau sous le matelas », des matraques télescopiques, une « barre de fer. Plus tard, l’enquête avait même permis de retrouver une « balise de type topwell » ayant servi à suivre à distance les déplacements du couple.

« Pendant plusieurs semaines, il garait son véhicule à une place assez éloignée de son camion », a indiqué l’enquêteur. Allan Affagard a été retrouvé mort le 12 juin 2020 à Montivilliers, près du Havre, en Seine-Maritime, après avoir été enlevé quelques heures plus tôt devant son domicile.

La victime avait été affreusement mutilée : « Un œil crevé, un téton arraché et un chiffon, imbibé d’essence ou de produit inflammable enfoncé dans la bouche », avait déclaré une source proche de l’enquête à Paris Normandie.

Aide logistique dans l’enlèvement

Agés d’une trentaine d’années et originaires de la région havraise, trois mis en cause pour cet enlèvement comparaissent depuis lundi pour « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de 10 ans d’emprisonnement ». Tandis que l’enquête pour retrouver les meurtriers se poursuit, le trio est suspecté d’avoir apporté une aide logistique dans l’enlèvement.

Suspendu lundi à cause d’une grève des greffiers, les débats ont repris mardi avec deux des trois prévenus, qui devaient être interrogés plus tard. Le troisième homme n’a pu être assisté de son avocat. Il est déclaré souffrant et sera jugé le 9 octobre. Le procès se poursuit jusqu’à jeudi.