Diffamation : Eric Zemmour de nouveau devant la justice, une habitude pour le polémiste
Procès•Le polémiste doit être jugé ce mardi pour « diffamation » après des propos tenus à l’encontre de l’association militant pour la cause animale L214. Le procès a toutefois des chances d’être renvoyéC.Po.
L'essentiel
- Eric Zemmour doit être jugé ce mardi pour « diffamation » après des propos tenus à l’encontre de l’association militant pour la cause animale L214.
- Le candidat à la présidentielle de 2022 est un habitué des prétoires. Sa première condamnation remonte à 2011.
- Si le procès de ce mardi pourrait être renvoyé, d’autres affaires sont d’ores et déjà audiencées.
C’est peu dire qu’Eric Zemmour a un agenda chargé. Politiquement, peut-être pas autant qu’il le souhaiterait mais judiciairement, les rendez-vous s’accumulent. A commencer par ce mardi. L’ex-candidat à la présidentielle est attendu devant la 17e chambre du tribunal correctionnel pour « diffamation ». Cette fois, c’est l’association L214 qui milite pour la cause animale qui a porté plainte contre lui. En cause, des propos tenus dans l’émission de Cnews « Face à l’Info » au printemps 2021. « Il y a des gens de L214 qui taguent les bouchers en les traitant de nazis et en disant que les élevages sont des camps d’extermination d’Auschwitz », déclarait-il lors d’un débat.
Si une demande de renvoi a été formulée dans ce dossier, pas moins de sept autres procès l’attendent dans les mois à venir. Petit tour d’horizon du passé, du présent et du futur judiciaire de l’homme politique d’extrême droite.
Condamnations définitives
Eric Zemmour est un habitué des prétoires. Sa première condamnation remonte à 2011 pour avoir affirmé en 2010 sur France Ô que les employeurs ont le « droit de refuser des Arabes et des Noirs ». Le même jour, sur Canal+, l’homme persiste et signe, assurant que la plupart des « trafiquants sont noirs et arabes », ajoute même de manière péremptoire « c’est comme ça, c’est un fait ». Pour ces propos, il est condamné en appel à verser des dommages et intérêts à plusieurs associations de lutte contre le racisme. Cette condamnation ne le poussera pas à modérer ses propos. Bien au contraire.
En 2016, Eric Zemmour récidive. Sur France 5, cette fois, il affirme que « tous les musulmans » considèrent les djihadistes comme des « bons musulmans ». Et d’ajouter : « Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation, qui entraîne une conflagration. » Ces propos lui valent une condamnation à 5 000 euros d’amende, la justice considérant que ceux-ci « visaient les musulmans dans leur globalité ». La condamnation est maintenue en appel même si l’amende est légèrement réduite (3.000 euros). Eric Zemmour se pourvoit en cassation mais celui-ci est rejeté en septembre 2019. Au nom de la liberté d’expression, il se tourne alors vers la Cour européenne des droits de l’homme mais est débouté fin 2022.
Hasard du calendrier, c’est à cette même période qu’Éric Zemmour est condamné pour la première fois dans une affaire qui n’est pas liée à ses déclarations. Il doit verser 165.000 euros à plusieurs plaignants pour l’utilisation non autorisée d’extraits de films dans le clip annonçant sa candidature à l’élection présidentielle 2022.
Quand la cour de cassation s’en mêle
A mesure que la carrière d’Eric Zemmour s’éloigne du journalisme pour se rapprocher de la politique, le rythme des affaires judiciaires s’intensifie. Certes, Eric Zemmour a obtenu à plusieurs reprises des relaxes. Comme lorsqu’il a déclaré dans un quotidien italien que les musulmans « ont leur Code civil, c’est le Coran » ou accusé Cécile Duflot d’avoir mené avec l’affaire Baupin une « vengeance politicienne ». Mais le polémiste a également eu des désillusions.
Retour en septembre 2019. Invité à la convention de la droite, Eric Zemmour prononce un discours dans lequel il évoque notamment « l’islamisation de la rue » et compare le voile et la djellaba à des « uniformes d’une armée d’occupation ». Condamné en première instance pour injure et provocation à la haine, il sera relaxé en appel. Début 2023, la Cour de cassation en décide autrement et casse cette relaxe. Un nouveau procès doit donc se tenir sous peu.
Un scénario identique s’est joué la semaine dernière au sein de la plus haute juridiction. L’ex-candidat d’extrême droite à la présidentielle avait affirmé en octobre 2019 sur la chaîne CNews que le maréchal Pétain avait « sauvé » des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Propos pour lequel il avait été relaxé en appel. La cour d’appel avait estimé que, si les propos « peuvent heurter les familles de déportés », ils « n’ont pas pour objet de contester ou de minorer, fût-ce de façon marginale, le nombre des victimes de la déportation ou la politique d’extermination dans les camps de concentration ». La Cour de cassation n’a pas souscrit à cette analyse et réclamé un nouveau procès.
Embouteillage
Cette décision intervient alors que la fin d’année est marquée par de nombreuses audiences. Le 28 septembre, le tribunal judiciaire de Paris doit rendre son jugement dans une affaire de diffamation à caractère homophobe jugée au mois de juin. Le polémiste d’extrême droite avait estimé que les associations LGBT et féministes avaient « asservi l’appareil d’Etat ». Quinze jours plus tard, il sera jugé en appel pour avoir qualifié de « voleurs », « assassins » et « violeurs » les mineurs isolés, en 2020, toujours sur Cnews. En première instance, il avait écopé de 10.000 euros d’amende pour provocation à la haine. Il sera également rejugé pour avoir déclaré, en 2018, à l’animatrice de télévision Hapsatou Sy que son prénom était une « insulte à la France ». En janvier, il a été condamné à 4.000 euros d’amende pour injures publiques à caractère raciste. Il avait annoncé faire appel.
En 2021, en pleine campagne présidentielle, Eric Zemmour a multiplié les dérapages. Le 8 février, il déclare que « Trappes est une ville musulmane régie par la loi islamique […], c’est un territoire qui n’est plus français » . Le maire porte plainte. En juin 2021, l’Institut national des études démographiques (Ined) l’attaque également pour « diffamation publique contre une administration publique » après que ce dernier a estimé que l’Ined « trafique les chiffres », en évoquant l’immigration. Des propos qui seront jugés dans les mois à venir.