Policier incarcéré à Marseille : Des juridictions majeures au ralenti
CONTESTATION•Les conséquences de la vague de colère qui déferle sur la police après l’incarcération d’un membre des forces de l’ordre accusé de violences policières se font déjà sentir, avec des tribunaux au ralenti à Marseille et en région parisienne20 Minutes avec AFP
Le mouvement de protestation de policiers, en service minimum ou arrêt maladie, entraîne un net ralentissement de l’activité dans certains des plus gros tribunaux de France cette semaine, a appris jeudi l’AFP de sources judiciaires.
En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus criminogènes de France, le nombre d’interpellations et de procédures judiciaires en flagrance a ainsi drastiquement chuté ces derniers jours. « L’impact du mouvement social ou de grogne qui existe au sein de la police est très notable. Cette nuit, il y a eu 15 gardes à vue, la nuit précédente 17 et la nuit d’avant encore 18. Alors qu’habituellement nous avons entre 35 et 70 gardes à vue par nuit », a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Bobigny Eric Mathais.
Ces volumes sont tellement bas que le tribunal de Bobigny ne tient jeudi qu’une seule audience de comparution immédiate, contre deux en temps normal, avec seulement quatre dossiers à juger. « Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu cela en Seine-Saint-Denis », deuxième plus grosse juridiction du pays après Paris, a constaté Eric Mathais.
« Il y a moins d’activité que d’habitude »
Le procureur a toutefois nuancé l’ampleur de cette baisse en relevant qu’une certaine accalmie s’est installée après les émeutes qui ont éclaté à la mort de Nahel, jeune de Nanterre tué par un policier lors d’un contrôle routier.
« Des faits très graves comme des règlements de comptes ou des vols avec violences, qu’on a souvent en multiples l’été, force est de constater qu’on en a beaucoup moins depuis une semaine. Pour toute une série de raisons, il y a moins d’activité que d’habitude », a relevée le représentant du parquet. De l’autre côté du périphérique, à Paris, le nombre de défèrements à la section du parquet qui gère la permanence a été réduit de moitié, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
A Marseille, un nombre de défèrements « historiquement bas »
À Marseille, d’où est parti le mouvement de contestation des forces de l’ordre après l’incarcération d’un policier de la BAC (brigade anticriminalité), le nombre de défèrements est « bas voire historiquement bas » pour la juridiction avec « 70 voire 75 % d’activité en moins », a indiqué une source judiciaire locale.
« L’urgence reste traitée, les faits graves », a précisé cette source. Mais si le mouvement de grogne perdurait, la situation pourrait devenir problématique car « nous faisons face à une délinquance qui, elle, ne s’arrête pas », a ajouté cette source judiciaire, à Marseille.
À lire aussi