Affaire Le Tan : Perpétuité confirmée en appel pour Jean-Marc Reiser
Tribunal•Le sexagénaire avait déjà écopé de cette peine en première instance20 Minutes avec AFP
«Je ne suis pas un monstre froid et sanguinaire » : après un ultime et long monologue de Jean-Marc Reiser, la Cour d’assises d’appel du Haut-Rhin, qui juge depuis une dizaine de jours cet homme de 62 ans pour l’assassinat de Sophie Le Tan en 2018, s’est retirée pour délibérer ce matin. Les neuf jurés populaires et trois magistrats professionnels ont finalement confirmé la peine de perpétuité, à laquelle le sexagénaire avait été condamné en première instance.
« Vous êtes reconnu coupable de l’assassinat de Sophie Le Tan », a déclaré la présidente de la Cour, Christine Schlumberger. L’accusé n’a manifesté aucune émotion à l’énoncé du verdict. S’il a reconnu avoir tué la jeune étudiante de 20 ans « dans un accès de fureur », puis l’avoir démembrée avec une scie à métaux avant d’aller enterrer les restes du corps dans une forêt, Jean-Marc Reiser a en revanche toujours contesté avoir prémédité son geste.
Deux versions
Mais les jurés n’ont pas suivi les arguments de cet homme au lourd passé judiciaire, jugé en état de récidive légale après une première condamnation pour viols et agressions sexuelles en 2003, et qui faisait face à son sixième procès d’assises. Ils ont répondu oui aux quatre questions qui leur étaient posées : l’accusé est-il coupable d’avoir volontairement commis des violences sur Sophie Le Tan ? Les violences ont-elles entraîné la mort ? Avait-il l’intention de donner la mort ? Avait-il prémédité ses actes ?
Presque cinq ans et deux procès d’assises plus tard, certaines zones d’ombre persistent, notamment la cause exacte de la mort de l’étudiante : l’état de décomposition du cadavre n’a pas permis de la déterminer. Dans ces circonstances, deux versions se sont affrontées tout au long des huit jours de ce procès. L’accusation soutenait que cet ancien fonctionnaire de catégorie A, diplômé en archéologie byzantine, avait sciemment élaboré un stratagème pour attirer une étudiante dans un piège, la faire venir visiter son appartement qu’il avait mis en location avec des annonces sur le site LeBonCoin, afin de l’abuser sexuellement, avant de lui donner la mort, de manière préméditée.
La défense, au contraire, s’en tenait aux aveux du suspect, formulés en toute fin d’enquête, lorsque l’ensemble des experts avaient rendu des conclusions auxquelles il avait eu accès. Et qui lui permettaient donc peut-être d’adapter sa version… Selon son récit, il avait tenté, à l’issue de la visite de son appartement, de prendre la main de Sophie Le Tan et de lui faire la bise. Celle-ci l’avait alors repoussé en l’insultant, provoquant chez lui « un accès de fureur » qui s’était traduit par de multiples coups de pied et de poing. L’étudiante de vingt ans, poids plume (1,55 m, moins de 55 kilos) face à un logeur baraqué (1,88 m, plus de 90 kilos à l’époque), se serait alors effondrée, percutant fatalement la cuvette des toilettes.
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