ASSISES« Gabriel Fortin n'est pas fou », la perpétuité requise à son encontre

Procès Fortin : « Il n'est pas fou », la perpétuité requise contre le « tueur de DRH »

ASSISESL’avocat général a demandé ce mercredi matin que l’accusé soit condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Le verdict est attendu dans la soirée
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • L’avocat général de la cour d’assises de la Drôme a requis, ce mercredi matin, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans à l’encontre de Gabriel Fortin, surnommé le « tueur de DRH ».
  • « Il n’est pas dans un délire paranoïaque, il n’est pas fou. Il sait ce qu’il fait, il sait ce qu’il veut », a déroulé le magistrat.
  • Le verdict est attendu dans la journée.

De notre envoyée spéciale à Valence (Drôme)

« Cela nous rassurerait qu’il soit fou, un vrai grand fou, enfermé dans sa maladie qui l’aurait poussé à agir ainsi. Mais ce qu’il a poussé à agir, à faire le choix de l’assassinat, c’est sa petite estime de lui ». Un orgueil mal placé. Ce mercredi matin, Laurent de Caigny, avocat général de la cour d’assises de la Drôme a demandé aux jurés de condamner « le tueur de DHR » Gabriel Fortin à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Soit « le maximum de ce que la loi prévoit » dans son cas, rappelle le magistrat.


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« C’est à vous peuple français de réfléchir si Gabriel Fortin a le droit revenir un jour dans la société », se tourne le magistrat d’un geste grandiloquent, pointant la « gravité des faits » et l'« absence de considération » de l’accusé envers ses victimes. Trois ont été tuées les 26 et 28 janvier 2021, l’une a échappé à la mort par miracle.

« L’itinéraire d’un enfant buté »

Dans le prétoire, la voix de Laurent de Caigny tonne, gronde. Lunettes à la main, le magistrat lève les bras pour ponctuer chacune de ses phrases, roule des yeux pour appuyer ses propos, s’attarde sur chaque syllabe. « Lui, n’est pas fou. Gabriel Fortin est un assassin méthodique et adaptatif. Son projet meurtrier est mûri. Il sait ce qu’il fait, il sait où il va », lance-t-il en direction de l’intéressé pour contrecarrer la thèse du « délire paranoïaque » ou de « la décompensation » l’ayant poussé à commettre le pire. « Un fou se contreficherait de ce que la réalité lui renvoie. Pas Gabriel Fortin. Il est dans le réel : il a le temps de faire du planeur, du parapente et du tir sportif », martèle encore l’homme aux moustaches relevées.

Dépeignant un accusé « persuadé d’être au-dessus des autres » mais « aussi médiocre dans l’assassinat que dans l’ingénierie », « insensible » et « orgueilleux », le magistrat enfonce le clou. « Gabriel Fortin n’entend pas le bon sens, il ne veut pas entendre les autres, même si ce n’est jamais agréable de reconnaître qu’on s’est gouré. Il ne veut pas avouer ses torts. Lui, il est buté…. C’est l’itinéraire d’un enfant buté », résume-t-il en tempêtant. Et de sermonner encore à l’intéressé : « Faut sortir de l’enfance ! »

Silencieux dans le box, Fortin reste de marbre, semblant prendre des notes de ce qu’il se dit, comme il le fait depuis le début du procès.

« Délire paranoïaque »

« Son obsession et peut-être son unique raison de vivre, c’est de tuer pour ne pas mourir. Dans sa logique criminelle, tout s’est avéré parfaitement cohérent », analyse à son tour l’avocate générale Marie-Caroline Gervason pour laquelle l’ingénieur « ne peut tirer de son vécu aucune justification ». C’est pourtant sur ce terrain que va lui répondre Romaric Château, l’avocat de l’accusé.

« Est-ce que les licenciements parfois brutaux qui ont été vécus comme une injustice peuvent modifier son psychisme ? Est-ce qu’ils peuvent modifier profondément son estime de soi ? C’est ça la question !!! », hurle à son tour le jeune homme, défendant avec passion l’hypothèse d’un long basculement vers une intense paranoïa.

« S’il n’est pas capable d’excuses, de remords, de regrets, n’est-ce pas parce qu’il a un problème psychiatrique ? soulève encore l'avocat. Mais la folie fait peur, on ne veut pas la voir. »

Au moment de plaider l’altération du discernement, l’homme s’est adressé aux jurés : « Je ne vous demande pas de bienveillance particulière. Je ne demande pas l’acquittement. Et je n’espère pas vous faire apprécier Gabriel Fortin, je ne suis pas sûr de l’apprécier moi-même. » Mais les échecs successifs, les licenciements « brutaux » « vécus comme une injustice » auraient, avance-t-il, « modifié profondément son psychisme ». Le verdict est attendu dans la soirée.