Marseille : Prison requise contre la famille d’une figure du banditisme pour fraudes
AFFAIRE FAMILIALE•L’épouse, le fils, la fille, la belle-fille, de Jacques Cassandri, décédé en 2022, sont jugés depuis lundi pour travail dissimulé, abus de biens sociaux et blanchiment20 Minutes avec AFP
De lourdes peines assorties d’un mandat de dépôt ont été requises jeudi contre quatre membres de la famille de Jacques Cassandri, jugés pour une vaste fraude au sein de l’empire bâti par ce membre du grand banditisme corso-marseillais. Décédé en 2022, le tribunal ne pourra que constater l’extinction de l’action publique concernant Jacques Cassandri qui s’était en 2010 autoproclamé dans un livre cerveau de l’historique casse de Nice commis en 1976 à la Société Générale.
Son épouse, son fils, sa fille, sa belle-fille, deux gérants de paille et le comptable des restaurants et boîtes de nuit familiaux sont jugés depuis lundi pour travail dissimulé, abus de biens sociaux et blanchiment. La fraude porterait sur six établissements, restaurants et cabarets à Marseille, dans le quartier de l’Opéra mais aussi aux abords très touristiques du Mucem.
Un pillage organisé sur le dos de l’Etat
L’Urssaf a estimé son préjudice à 2,7 millions d’euros entre 2016 et 2019 relevant un défaut de déclaration de salariés ou une minoration de la masse salariale versée. « On est dans le refus de donner de l’argent à l’Etat », a estimé la procureure Emilie Alméro qui a dénoncé « un système clanique dont l’unique but est de développer la fortune de la famille Cassandri ». Jacques Cassandri, condamné pour proxénétisme, extorsion, stupéfiants, avait monté un empire économique, y plaçant ses proches.
Jeudi, la procureure a requis sept ans de prison et une amende de 100.000 euros contre Antoine Cassandri, le fils, gérant de droit d’un des établissements les plus en vue, cinq ans et une amende de 50.000 euros contre Marianne Cassandri, « la patronne », 74 ans, et contre sa fille Jennifer. Soupçonnée d’avoir occupé un emploi fictif dans un des restaurants, une peine de trois ans et demi de prison et une amende de 30.000 euros ont été réclamées contre la belle-fille, Vanessa Cassandri. Contre tous, elle a réclamé que le tribunal prononce un mandat de dépôt, soulignant un état de récidive légale puisque ces infractions auraient été commises alors que tous étaient jugés en avril 2018 pour des faits similaires.
Un gendarme employé au noir accusé de meurtre
« Ce pillage organisé s’est réalisé sur le dos de l’Etat, sur le dos des sociétés qui vont toutes atterrir en redressement judiciaire et sur le dos des salariés qui ne bénéficieront pas de leurs droits à la retraite », a martelé la procureure. Il a été rendu possible, selon elle, grâce à des « personnes de confiance » parmi lesquelles deux gérants de paille dont un agent de la métropole Aix-Marseille Provence et le comptable de l’empire Cassandri, Jacques Multedo contre lequel ont été requis quatre ans de prison, 50.000 euros d’amende et un mandat de dépôt.
Selon l’accusation, l’enquête a aussi mis au jour l’emploi au noir d’un gendarme et d’un brigadier-chef, Claude Da Luz, chargés de la sécurité d’une boîte de nuit du quartier de l’Opéra. Ce dernier avait en 2018 blessé mortellement un client armé. Mis en examen pour meurtre, il a toujours évoqué des tirs de riposte en légitime défense. Jugé ici pour port d’arme illégal et activité de sécurité sans autorisation, infractions qu’il conteste, une peine de trois ans de prison, une amende de 15.000 euros et un mandat de dépôt ont été requis contre lui.