AudienceLe calvaire d’une adolescente séquestrée et prostituée en procès

Nanterre : Le calvaire d’une adolescente séquestrée et prostituée en procès

AudienceL’ado, âgée de 15 ans, avait reçu coups et humiliations de la part des trois accusées
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Près de dix ans après les faits, trois femmes comparaissent à partir de lundi devant la cour d’assises de Nanterre pour avoir séquestré, frappé et prostitué une jeune fugueuse de 15 ans. Trois hommes, accusés d’avoir eu des relations sexuelles non consenties et tarifées avec la jeune fille, sont jugés à leurs côtés pour viol.

Pendant trois jours d’avril 2014, Danaé K., Wendy H. et Christel W., à l’époque âgées de 21, 22 et 43 ans, sont accusées d’avoir retenu la victime dans un appartement de Meudon (Hauts-de-Seine), l’obligeant sous la menace de coups à avoir des relations sexuelles avec des hommes contactés à cet effet. D’après l’enquête, l’adolescente, originaire de Seine-Maritime, avait rejoint lors d’une fugue d’anciennes amies, Wendy H. et Danaé K., en région parisienne. Elle avait raconté s’être disputée avec elles par le passé pour une « histoire de garçon ».

Des relations sexuelles forcées

Dans un bar, les trois mises en cause ont, selon l’accusation, poussé l’adolescente à embrasser un homme rencontré sur place, avant, une fois rentrées au domicile de Christel W., de la forcer à avoir une relation sexuelle avec lui. Elles ont par la suite réclamé quelques dizaines d’euros à Mahfoudh M., âgé de 32 ans à l’époque des faits.

Pendant les jours suivant, la jeune victime a, toujours selon l’accusation, reçu coups et humiliations des trois accusées, qui ont surveillé et parfois filmé les relations sexuelles auxquelles elle était contrainte.

« Ma cliente attend depuis presque dix ans que son statut de victime soit reconnu. Elle souhaite que les crimes d’une indéniable violence, commis par des adultes ayant pour certains plus du double de son âge, soient fermement condamnés », a déclaré à l’AFP Me Clément Diakonoff, avocat de la victime, partie civile au procès. Les six accusés comparaissent libres sous contrôle judiciaire.

Rembourser le coût d’un serrurier

Raymond A. et Mouloud B., 37 et 23 ans à l’époque, ont reconnu avoir rémunéré les accusées « 100 euros », affirmant face aux enquêteurs que la jeune fille était consentante et qu’ils la pensaient majeure. Les trois accusées avaient expliqué lors de l’enquête avoir poussé l’adolescente à avoir des relations sexuelles tarifées afin de rembourser le coût d’un serrurier, appelé selon elles « par sa faute ».



La police avait été alertée par un coup de téléphone de l’une des accusées à une connaissance de la victime, à qui elle avait dit prévoir de la « faire tourner dans des caves ». La victime souffrait, après trois jours de séquestration, d’un œdème au visage, d’une plaie au tympan, d’hématomes sur les bras et les fesses et de lésions gynécologiques.

Les accusées sont renvoyées devant la cour d’assises pour séquestration « avec torture ou actes de barbarie ». Plusieurs avocats de la défense regrettent de voir le procès s’ouvrir plus de neuf ans après les faits, alors que leurs clients ont « changé de vie » et « évolué ». « Ma cliente exprime aujourd’hui beaucoup de regrets, elle a avancé sur beaucoup de choses. Elle vit désormais loin de la région parisienne, reçoit des soins », a expliqué Me Quentin Dekimpe, avocat de Christel W.