COMPTE-RENDULe cyberharceleur de la chanteuse Hoshi condamné à de la prison ferme

Paris : « On va te saigner »… Le cyberharceleur de la chanteuse Hoshi condamné à de la prison ferme

COMPTE-RENDULe prévenu, qui était absent à l’audience, a écopé de huit mois de prison, dont deux ferme, pour avoir envoyé des messages menaçants et insultant à l’artiste début 2020
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le 14 février 2020, lors des Victoires de la musique, la chanteuse Hoshi a embrassé sur scène une danseuse après avoir interprété son titre Amour censure, qui dénonce l’homophobie. Un baiser qui avait déclenché une vague d’insultes homophobes et de menaces de mort sur les réseaux sociaux
  • L’artiste a déposé plainte en mars 2020. Six personnes - cinq mineurs et un majeur - ont été interpellées. Le plus âgé, un jeune homme de 22 ans, a été jugé ce vendredi par la 24e chambre du tribunal judiciaire de Paris.
  • Maël H. a été condamné à huit mois de prison, dont deux mois ferme, avec exécution provisoire. La peine est assortie d’une obligation de soins, de travail et de l’interdiction d’entrer en contact avec Hoshi. Il devra également verser 5.000 euros à l’artiste pour le préjudice moral subi.

Au tribunal judiciaire de Paris,

La situation résume assez bien l’affaire jugée ce vendredi par la 24e chambre du tribunal judiciaire de Paris. Ni le prévenu, un jeune homme de 22 ans, ni la plaignante, la chanteuse Hoshi, ne sont présents à l’audience. Le premier, Maël H., ne semble pas avoir saisi la gravité des faits qui lui sont reprochés. Peu soucieux des conséquences judiciaires, il n’est même pas représenté par un avocat à son procès. La seconde, Mathilde Gerner de son vrai nom, a fait savoir, par la voix de son avocate, qu’elle n’avait « pas la force aujourd’hui de venir » pour se confronter à celui qui l’a harcelée sur les réseaux sociaux durant des semaines. « Depuis 2020, je vis un enfer », explique l’artiste dans un courrier lu à l’audience, ajoutant qu’elle « souffre et vit dans la peur depuis trois ans ».

« On va te saigner grosse truie »

En février 2020, lors des Victoires de la musique, la chanteuse avait interprété son morceau Amour censure, qui dénonce l’homophobie. Puis, sur la scène, elle avait embrassé l’une des danseuses. Un baiser qui avait déclenché une vague d’insultes homophobes et de menaces de mort sur les réseaux sociaux. Hoshi dépose plainte en mars 2020 pour « harcèlement moral et sexuel en meute », « menaces de mort et de viols », « injures aggravées » et « provocation à la haine ». « C’est un dossier qui a demandé énormément d’investigations, mais au final, c’est un entonnoir », résume le président. Les investigations de la police judiciaire parisienne n’ont en effet permis d’identifier que six internautes : cinq mineurs et un majeur.



Maël H. est interpellé chez lui, en Bretagne, et placé en garde à vue le 20 juin 2022. Devant les enquêteurs, il finit par avouer les faits après les avoir niés. Le jeune homme, qui affirme être atteint du syndrome d’Asperger, reconnaît s’être « défoulé » parce qu’il ne « se sentait pas bien » à cause du divorce de ses parents. Il a envoyé plusieurs messages sur Instagram à la chanteuse : « On va te saigner grosse truie », « Tu auras beau me signaler je reviendrai la gouine », « Goudou Hoshi »… Comme elle le bloquait systématiquement, il se créait de nouveaux comptes et recommençait à lui écrire. Il joignait à ses messages « une image de Hitler avec une chocolatine » [sans doute un pain au chocolat], précise le président. Une référence à l’extermination des personnes homosexuelles durant la Seconde Guerre mondiale.

« C’est un petit signal à tous les harceleurs »

« Ce n’est pas du harcèlement ou des messages de morts, ce sont des messages peu cordiaux », se défend-il face aux enquêteurs. « J’ai écrit ce qui me passait par la tête, pour moi, il ne s’agit pas de menaces. » En garde à vue, Maël H. fait preuve d’une certaine désinvolture. La saignée ? « Au Moyen Age, elles étaient utilisées pour soigner certaines maladies et ne tuaient pas », leur répond-il notamment. Le jeune homme a également eu un « rôle de provocateur », souligne le magistrat, le prévenu ayant appelé d’autres membres du forum 18-25 du site jeuxvideo.com à harceler Hoshi sur les réseaux sociaux. « Il fait partie des gens qui ont décidé de lancer le mouvement », observe l’avocate de la chanteuse, Me Laura Ben Kemoun. La procureure remarque, elle aussi, son « acharnement à inciter les autres et à harceler sa victime ». Elle requiert à son encontre 6 mois avec sursis.

Finalement, le tribunal ira au-delà en condamnant Maël H. à huit mois de prison, dont deux mois ferme, avec exécution provisoire. C’est-à-dire que la peine ne sera pas suspendue, même s’il fait appel. Elle est assortie d’une obligation de soins, de travail et de l’interdiction d’entrer en contact avec Hoshi. Il devra également verser 5.000 euros à l’artiste pour le préjudice moral subi. « C’est un petit signal à tous les harceleurs », avertit le président.