ProcèsA Douai, trente ans de réclusion criminelle pour le bourreau de Sandra

Nord : Trente ans de réclusion criminelle pour le bourreau de Sandra, ses avocats font appel

ProcèsHocine H. a été condamné à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Nord, à Douai, pour avoir « massacré » sa compagne, en mai 2015
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • La cour d’assises du Nord, à Douai, a condamné Hocine H ; à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa compagne, Sandra, en mai 2015.
  • La victime avait été battue à mort pendant cinq heures, l’autopsie avait recensé pas moins de 20 fractures et 144 lésions.
  • Les avocats de l’accusé font appel du verdict, le trouvant « disproportionné ».

«Je n’ai plus rien à dire. » Laconique, Hocine H. a rapidement ponctué son procès, vendredi matin, aux assises du Nord, à Douai. Le jury, parti délibérer dans la foulée, l’a finalement condamné à trente ans de réclusion criminelle et à cinq ans de suivi sociojudiciaire, pour meurtre, mais aussi pour viol. Le regard noir, l’homme de 35 ans a accueilli le verdict de façon impassible. Lui qui avait achevé son acte de contrition envers la famille de la victime d’un médusant « Big pardon ! ».

Chemise en jean bleu ciel, la barbe et le cheveu courts, cet homme à l’allure sportive et amaigri, avait « massacré » sa compagne, Sandra, le 1er mai 215, à Hazebrouck. La femme de 41 ans, qu’il avait un temps prostituée, avait été battue à mort pendant cinq heures. L’autopsie avait recensé pas moins de 20 fractures et 144 lésions. « Quelque chose qui relève du supplice », avait notamment énoncé l’avocat général, Sébastien Piève, dans son réquisitoire.

Un quotient intellectuel de 79

Le magistrat a été suivi dans ses demandes d’enfermer pour très longtemps Hocine H., reconnu responsable de ses actes par quatre experts. Malgré un grave accident de moto en 2007 qui a modifié son comportement, comme l’affirme sa famille. Malgré un quotient intellectuel de 79, comme n’a cessé de le marteler un de ses deux avocats, Damien Legrand.

Il faut dire que le poids de la culpabilité était particulièrement lourd. Son casier ne comportait pas moins de 14 condamnations pour divers délits. La cour d’assises a reconnu « l’acharnement », la « volonté de tuer » et les « antécédents de violence » d’Hocine H.. « C’est un grand soulagement pour la famille, notamment pour la reconnaissance du viol qui était contesté, a souligné Blandine Lejeune, avocate de la famille de la victime, après le verdict. La cour a motivé sa sanction en évoquant une violence d’une rare intensité. La peine devait être sévère. » En larmes, la mère de Sandra a également fait part de son soulagement devant la presse.

Faillite du système judiciaire

Soulagement d’un côté et « incompréhension » de l’autre. « C’est un verdict dicté par l’émotion. Les circonstances aggravantes du viol ne s’appuient sur aucun élément concret », conteste Me Legrand qui annonce que lui et son confrère Me Jean-François Canis, vont faire appel. Et l’avocat de s’appuyer sur les errements du système judiciaire pour analyser la sévérité du jugement. « L’avocat général s’est excusé des erreurs de la justice dans ce dossier, en tentant de couvrir ces dysfonctionnements pour les mettre sur le dos de l’accusé », explique-t-il.

Avant la mort de Sandra, au moins deux ex-compagnes avaient déjà déposé plainte contre Hocine H. pour violences en 2009 et 2013. Sandra, elle-même, avait porté plainte. « La défaite, c’est la résignation des victimes. C’est Sandra qui n’appelle pas la police parce qu’elle sait qu’elle ne viendra pas, c’est le voisin qui entend du bruit mais qui n’appelle pas », avait lancé l’avocat, dans son plaidoyer de défense


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Du fond de sa cellule, Hocine H. n’en a donc pas fini avec la justice. Un nouveau procès risque d’avoir lieu à la cour d’appel du Pas-de-Calais. Mais une autre affaire pourrait aussi le rattraper. Lors de sa dernière remise en liberté, en 2020, avec la crise du Covid-19, il a été accusé de violences et de viol par une nouvelle compagne. C’est pour cette raison qu’il était en détention provisoire avant son procès d’assises.