Rennes : Après l’accident de poneys, le centre équestre accusé de défaillances
PROCÈS•Dix-sept enfants avaient été blessés, dont trois gravement, dans une bousculade avec des poneys le 19 juillet à Saint-M’HervéJérôme Gicquel
L'essentiel
- Un grave accident s’était déroulé le 19 juillet en Ille-et-Vilaine avec 17 enfants qui avaient été blessés dans une bousculade avec des poneys.
- Les responsables du centre équestre où s’était produit l’accident comparaissaient ce lundi devant le tribunal de police de Rennes pour blessures involontaires.
- Le procureur a requis une amende de 5.000 euros, dont 2.500 avec sursis, à leur encontre.
«On a assurément évité un drame », indique le procureur de la République Tanguy Courroye. Le 19 juillet, le domaine de la Haute Hairie, situé à Saint-M’Hervé près de Vitré (Ille-et-Vilaine), avait été le théâtre d’un accident aussi rare que grave impliquant des enfants et des poneys. En colonie de vacances dans ce centre équestre, les 25 enfants inscrits et leurs deux accompagnatrices devaient ce soir-là convoyer un troupeau de 15 animaux des paddocks jusqu’à un champ où les poneys devaient passer la nuit. Non montés et non tenus en longe, les équidés devaient pour cela emprunter un chemin long de 230 mètres, relativement étroit et bordé de poteaux et de clôtures électriques.
Mais lors de la déambulation, le poney de tête s’était cabré et avait soudainement fait demi-tour, entraînant avec lui tout le troupeau qui avait foncé au galop en direction du groupe d’enfants. La bousculade avait été très violente et 17 enfants, âgés de 7 à 13 ans, avaient été blessés. Piétinées par les chevaux et souffrant de multiples traumatismes, trois fillettes avaient d’ailleurs été transférées en urgence absolue vers l’hôpital sud de Rennes.
Six familles de victimes ont déposé plainte
Sept mois et demi après le drame, le centre équestre comparaissait ce lundi après-midi devant le tribunal de police de Rennes pour « blessures involontaires par personne morale avec incapacité n’excédant pas trois mois » suite aux plaintes déposées par les familles de six jeunes victimes. Après enquête, le parquet de Rennes avait estimé cet automne qu’une « faute d’imprudence » avait été commise par les gérants du centre équestre mais n’avait relevé « aucune faute délibérée » dans l’encadrement des enfants.
Lors de l’audience, Maître Fabienne Michelet, avocate de la famille de la fillette la plus gravement blessée, a chargé les responsables du domaine, jugés en leur absence. Selon elle, le centre « a failli à ses obligations et n’a pas suffisamment évalué les risques. » « Car convoyer un troupeau d’animaux est une activité dangereuse qui ne devait pas être effectuée par des enfants », a-t-elle indiqué. Défilant à la barre, les autres avocats des parties civiles ont également pointé le manque d’expérience et de compétences des deux accompagnatrices qui encadraient les enfants.
« Des éléments de défaillance importants »
Des arguments également repris dans son réquisitoire par le procureur pour qui « des éléments de défaillance importants » ont conduit à cet accident. « Il y avait des consignes de sécurité connues donc les responsables avaient bien conscience des risques encourus mais ils n’ont pas été pris en compte », a-t-il estimé, évoquant notamment « le manque de personnel par rapport au nombre d’enfants et de chevaux », « leur manque de qualification et leur inexpérience » et « des insuffisances sur la sécurité. » « On présente l’établissement et la responsable comme irresponsable et peu sérieuse, a rétorqué Maître William Pineau, avocat de la défense. Mais il n’y a seulement dans ce dossier qu’une faute d’imprudence ».
Après un peu plus de deux heures d’audience, le procureur a requis une amende de 5.000 euros, dont 2.500 avec sursis, à l’encontre des gérants du centre équestre. La décision a été mise en délibéré au 5 juin.