Douai : Plainte pour non-assistance à personne en péril contre quatre policiers, après un féminicide
JUSTICE•La famille d’Aurélie L., découverte morte en 2021, a porté plainte contre quatre policiers qui étaient intervenus, peu avant, au domicile du compagnon de la victime20 Minutes avec AFP
Aurélie L. avait été découverte morte à Douai, en mai 2021. Sa famille a porté plainte pour non-assistance à personne en péril contre quatre policiers, a annoncé, mercredi, son avocat à l’AFP. Dans cette affaire, le compagnon de la jeune femme décédée a été mis en examen pour homicide.
La plainte, déposée mardi et consultée par l’AFP, vise donc quatre policiers qui sont intervenus au domicile du compagnon d’Aurélie L., quelques heures avant son décès. Une voisine avait donné l’alerte en se plaignant de menaces de la part de cet homme.
Un « coquart à l’œil »
Âgée de 33 ans et mère d’une adolescente de 14 ans, la jeune femme avait été retrouvée morte, couverte d’ecchymoses, chez son compagnon, condamné à de nombreuses reprises notamment pour vols, menaces et violences. Peu avant, la victime avait déposé plainte contre lui pour des menaces de mort.
Il n’est « pas contestable que la mort d’Aurélie L. est survenue parce que les fonctionnaires de police (…) ne lui ont pas porté secours alors qu’elle se trouvait objectivement exposée à un risque », peut-on lire dans la plainte, déposée par Me Damien Legrand.
Ces policiers ont constaté que l’homme, fortement alcoolisé, tenait des propos inquiétants et ont vu la jeune femme dans son appartement avec un « coquart à l’œil », mais ont choisi de ne rien faire, maintenant au contraire la victime en présence de son agresseur, en lui demandant de rester chez lui et de ne plus importuner les voisins, pointe l’avocat.
Aucune faute, selon un rapport
Ces policiers avaient connaissance des violences exercées par cet homme sur sa compagne car l’un d’entre eux était déjà intervenu en avril 2020 après qu’il l’eut rouée de coups, accuse-t-il encore. L’avocat souligne également que les policiers n’ont même pas mentionné ce « coquart » dans la main courante suivant leur intervention.
« Je doute qu’elle avait une seule marque de coup car le lendemain on la trouve avec 140 ecchymoses, mais même un seul coup est de nature à justifier l’intervention », estime Me Legrand.
Le dépôt de cette plainte fait suite à la réalisation d’une mission d’évaluation par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), versée au dossier par la juge d’instruction fin 2022, selon l’avocat.
Ce rapport ne conclut à aucune faute, mais l’IGPN « s’est contentée d’entendre les policiers concernés, sans aucune autre investigation », déplore Me Legrand, estimant donc que seule une enquête pénale permettra de faire la lumière sur leurs responsabilités.