Sept ans de prison requis pour viol contre la star marocaine Saad Lamjarred
PROCES•Le verdict est attendu demain dans le procès du chanteur marocain, accusé de viol pour des faits remontant à 201820 Minutes avec AFP
Un viol établi, mais Saad Lamjarred n’est pas un « prédateur sexuel », selon l’accusation. Sept ans d’emprisonnement et cinq ans d’interdiction du territoire français ont été requis, ce jeudi, devant la cour d’assises de Paris, à l’encontre du chanteur star marocain.
Assis à l’avant d’une petite salle remplie de curieux et de fans, Saad Lamjarred, 37 ans, ne montre pas de réaction à l’annonce de la peine demandée. Sur les bancs des parties civiles, Laura P. semble, elle, accablée.
Saad Lamjarred conteste toute pénétration
Ce soir d’octobre 2016, il y a d’un côté « une jeune femme de 20 ans », « en devenir », et de l’autre, « un homme de 31 ans déjà bien installé dans l’existence », commence l’avocat général Jean-Christophe Muller.
Laura P. et le chanteur, ultra-populaire dans le monde arabe, dont elle n’avait pas entendu parler avant, se sont « plu », à leur rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale. « Plu » encore lors d’un premier « after », et, quand elle le suit à son hôtel, concède l’accusation. Laura P. elle-même a reconnu qu’elle envisageait un « flirt ».
Selon la version que la jeune femme avait racontée en pleurs et tremblante à la barre, Saad Lamjarred était soudainement devenu violent alors qu’ils s’embrassaient, avant de la violer et de la frapper. Saad Lamjarred lui, conteste fermement toute pénétration sexuelle, et reconnaît juste avoir, par « réflexe », « brutalement poussé le visage » de Laura P. qui l’aurait soudainement « griffé » alors qu’ils se déshabillaient.
« Quand on est dans la chambre d’un garçon à 8h30 du matin, on sait que celui-ci veut aller plus loin, tonne l’avocat du chanteur, Jean-Marc Fedida, dans sa plaidoirie. C’est objectif, même pour une nonne. » Si elle a changé d’avis, « c’était son droit ». Et, « peut-être l’alcool, la cocaïne et le fait qu’elle le rejette ont provoqué ce réflexe inacceptable chez Saad Lamjarred », poursuit-il.
Mais « Saad Lamjarred a toujours dit qu’il n’avait pas pénétré » Laura P. et il n’y a « rien, rien dans le dossier », martèle son deuxième avocat, Thierry Herzog.
Une victime « du monde de la nuit »
Les avocats de Saad Lamjarred ont consacré une grande partie de leurs plaidoiries à décortiquer les moeurs de Laura P., « quelqu’un du monde de la nuit, qui en connaît les codes et sait se mettre en scène sur les réseaux sociaux », insiste maître Fedida.
Dans la matinée, ils avaient fait projeter 250 pages de captures d’écran de son compte Instagram - Laura P. en maillot de bain à la plage, Laura P. devant une salade grecque ou donnant à manger à un éléphant - ainsi qu’une photo d’elle en sous-vêtements, pour rappeler son passé de « mannequin ». Comme pour dire, « est-ce qu’elle ne l’a pas un peu cherché », avait grincé l’avocat général dans son réquisitoire.
« Monsieur Lamjarred s’est rendu coupable de faits de viol », avait-il assuré, évoquant les coups constatés sur le corps de Laura, les « traces » à l’intérieur du vagin qui « peuvent être rapportées à un rapport sexuel récent, sans en être spécifique » selon l’expertise, et les déclarations « constantes, depuis le début » de Laura P. Il a aussi rappelé les témoignages des employés de l’hôtel qui ont pris en charge la jeune femme « terrorisée » à sa fuite de la chambre.
L’accusé donne des versions différentes
Pour déterminer la peine, il faut « savoir si Saad Lamjarred est un prédateur sexuel, ou quelqu’un qui saisit les occasions qui se présentent », a ensuite avancé l’avocat général, penchant plutôt pour la deuxième option.
Les conseils de Laura P. avaient eux souligné les « trois versions différentes » de la soirée données par Saad Lamjarred, « manifestement un menteur », selon l’avocat Jean-Marc Descoubès.
Le chanteur est visé par des accusations extrêmement similaires à New York, Casablanca et Saint-Tropez, avait, de son côté, rappelé l’avocat Joël Assouad. Cette dernière affaire, pour laquelle il sera jugé pour viol devant les assises du Var, remonte à 2018, avait noté le conseil. « Il aurait pu se dire "stop, danger" après l’affaire de Paris, mais non, il continue, c’est pathologique », lance-t-il.
A l’audience, Saad Lamjarred, même pull marine et chemise blanche depuis l’ouverture du procès lundi, a constamment refusé de répondre aux questions concernant ces autres accusations. Le verdict sera rendu vendredi.