CruautéUn homme condamné pour avoir jeté son chien depuis le cinquième étage

Strasbourg : Un homme condamné à de la prison ferme pour avoir jeté son chien depuis le cinquième étage

CruautéLourdement alcoolisé au moment des faits, le prévenu a écopé de douze mois de prison dont huit fermes. Il a également interdiction définitive de détenir un animal
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Un homme était jugé en comparution immédiate mercredi à Strasbourg, soupçonné d’avoir jeté du cinquième étage son petit chien lundi matin.
  • Jérôme D. a été condamné à douze mois de prison dont huit fermes.
  • « La condamnation est à la hauteur. Nous avons le sentiment d’avoir été entendus par les tribunaux », a réagi la responsable du chenil de la SPA de Strasbourg, Catherine Bronner.

Il y avait du monde, ce mercredi après-midi, en salle 101 du tribunal judiciaire de Strasbourg. Pas pour la comparution immédiate de deux hommes poursuivis après avoir utilisé une carte d’identité belge. Non, une trentaine de personnes dont sept associations qui s’étaient portées partie civile s’étaient déplacées pour l’affaire suivante. Celle où un individu était soupçonné d’avoir jeté du cinquième étage son petit chien, lundi matin, dans un quartier de la capitale alsacienne. Victime notamment d’une fracture de la colonne vertébrale, « Moka » avait dû être euthanasié le lendemain, ses sévices étant trop graves.

A la barre, Jérôme D. a réfuté la thèse de la défenestration, ce dont un témoin l’accusait. Il a assuré que l’animal était tombé seul, attiré par « le pâté de foie de canard [qu’il] avait déposé sur le bord de la fenêtre ». « Pourquoi ne pas l’avoir mis dans le frigo ? », l’a alors questionné le juge. « Car c’est le bordel dedans. Il y a de la moisissure », a répondu le quadragénaire qui a aussi avancé son alcoolémie à ce moment-là. Il avait été contrôlé à 8 heures du matin avec 0,90 mg/litre d’air expiré, après une soirée agitée. « J’avais bu des bières fortes et une bouteille de vin rouge à 17° […] Je titubais », a expliqué le prévenu, sans emploi et logé par l’association « Horizon Amitié ».



Son comportement devant le corps inerte du croisé pékinois âgé d’un an et demi a été dénoncé par plusieurs avocats de la partie civile. « Son chien agonise et lui, il se roule tranquillement une cigarette », a pointé un conseil. « Quand votre animal a un souci, vous ne mettez pas une heure à réagir ou vous ne dites pas en garde à vue que vous allez en faire un civet », a ajouté un de ses confrères. « C’était une plaisanterie à la con », avait tenté de déminer Jérôme D., quelques minutes plus tôt, qui a répété son attachement à Moka : « Je l’aimais trop, c’était mon petit chien d’amour ». « Et un "putain de chien" aussi, comme vous l’appeliez aussi d’après vos voisins », lui avait alors fait remarquer le président du tribunal.

« Il ment depuis le début dans cette affaire. Il n’y a pas de pâté qui a été retrouvé dans l’appartement ou dehors. Ses déclarations sont une fable qu’ils racontent pour échapper à sa responsabilité », a pointé le procureur de la république. Ce dernier a requis une peine d’un an de prison assorti d’une interdiction définitive de posséder un animal.

La défense a, elle, mis en avant le faible passé judiciaire de son client, simplement condamné à deux semaines de prison avec sursis pour des faits d’outrage. « Monsieur D. s’occupe de son chien qui n’est pas sous-alimenté, a un bon poil. Il ne l’a jamais négligé […] Oui il n’aurait jamais dû laisser la fenêtre ouverte, mais c’est un malheureux accident qui s’est passé », a plaidé son avocate en demandant la relaxe. « J’aimais mon chien, c’est la vérité », a insisté le prévenu une dernière fois.

Peu après 19 heures, le verdict est tombé. Jérôme D. a été condamné à douze mois de prison dont huit ferme. Il a également interdiction définitive de détenir un animal et doit verser des dommages et intérêts à chaque partie civile. Dont 1.200 euros à la Société protectrice des animaux (SPA). « La condamnation est à la hauteur. Nous avons le sentiment d’avoir été entendus par les tribunaux », a réagi la responsable du chenil de la SPA de Strasbourg, Catherine Bronner.