PROCèSPrison ferme requise contre le père ayant tabassé l’agresseur de sa fille

Roanne : Un an de prison ferme requis contre le père qui avait tabassé l’agresseur mineur de sa fille

PROCèSAu mois d’octobre, ce père de famille, aidé de trois voisins, avait retrouvé un adolescent soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa fille de 6 ans pour le fouetter à coups de câble électrique
Caroline Girardon

C.G. avec AFP

L'essentiel

  • Mardi, un chauffeur-livreur de 28 ans était jugé pour avoir tabassé un mineur de 16 ans soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa fillette après s’être introduit dans leur maison en pleine nuit.
  • Les faits se sont déroulés au mois d’octobre Roanne.
  • Le procureur de la République a requis à son encontre une peine de dix-huit mois de prison dont six à neuf mois avec sursis probatoire.

Une peine de dix-huit mois de prison dont 6 à 9 mois de sursis probatoire a été requise mardi à l’encontre d’un père de famille jugé devant le tribunal correctionnel de Roanne pour avoir passé à tabac un ado de 16 ans soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa fillette.

Trois autres personnes, des voisins qui lui ont prêté main-forte, étaient poursuivies pour les mêmes faits. Le procureur de la République a demandé qu’ils soient condamnés à des peines d’un an de prison, dont six mois avec sursis, pour l’un d’eux, et deux ans de prison, dont un avec sursis, pour le second en état de récidive. Enfin, une « relaxe au bénéfice du doute » a été requise pour le troisième.

« On n’est pas dans le cadre de la légitime défense »

Dans une salle d’audience comble, le père de famille, âgé de 28 ans, a reconnu avoir « pété un câble », sous le « coup de l’émotion ». Le 21 octobre dernier, sa femme avait surpris un mineur isolé qui venait de s’introduire dans leur maison. L’adolescent s’était ensuite infiltré dans la chambre de sa fille de 6 ans pour l’agresser sexuellement alors qu’elle dormait.



« Si ça s’était passé à votre domicile, j’aurais applaudi et j’aurais même accepté une violence appuyée sur le moment, concède le magistrat. Mais on n’est pas dans le cadre de la légitime défense, avec une riposte conditionnée par le caractère immédiat et proportionnée à l’agression subie par l’enfant de ce monsieur. » Et d’appuyer : « Vous avez effectué des contrôles d’identité et interpellé des personnes pour les photographier dans les rues de Roanne. »

« Pression insupportable »

« Cette intervention pour appréhender le jeune homme était salutaire. Le degré de violence de mon client est certes illégitime, il le reconnaît. Mais il était sous une pression insupportable avec un sentiment d’abandon et il ne s’est plus maîtrisé », a plaidé de son côté Me Anne-Laure Lebert, l’avocate du père de famille.

« Si on était dans le cadre d’un lynchage, les blessures qu’il a infligées seraient d’une gravité autre », a-t-elle ajouté, estimant que la prison ferme requise contre son client est « injustifiée dans le cadre d’une justice humaine ».

En détention provisoire après sa mise en examen pour agression sexuelle, l’adolescent n’a pas assisté au procès pour des raisons de sécurité. Ce dernier nie toute agression.

Le jugement a été mis en délibéré au 7 mars.