PROCESRachid Kassim, le fantôme sanguinaire de Daesh, jugé par défaut au tribunal

Terrorisme : Rachid Kassim, le fantôme sanguinaire de Daesh, jugé par défaut au tribunal

PROCESPrésumé mort en Irak, ce propagandiste français de l’Etat islamique sera jugé par défaut ce vendredi, à Paris, pour avoir décapité un homme en 2016 et proféré des menaces de mort
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le propagandiste du groupe Etat islamique Rachid Kassim, présumé mort en zone irako-syrienne, sera jugé une nouvelle fois ce vendredi par la cour d’assises spéciale pour la décapitation d’un otage et des menaces de mort visant deux spécialistes français du djihadisme.
  • Il se voit aussi reprocher son action de propagandiste pour Daesh sur Telegram ou sur Facebook, dans laquelle il a basculé à la suite d’une blessure à la jambe. La justice l’accuse d’être l’instigateur d’une dizaine de projets d’attentats terroristes.
  • Rachid Kassim a été condamné par défaut à la réclusion criminelle à perpétuité pour son implication dans l’attentat manqué aux bonbonnes de gaz près de la cathédrale Notre-Dame, et dans l’assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) fin juillet 2016.

C’est un fantôme que s’apprête à juger, une nouvelle fois, la cour d’assises spécialement constituée. Un esprit malfaisant dont l’ombre plane sur de nombreux dossiers d’attentats islamistes commis en France. Rachid Kassim aurait été tué par une frappe de drone dans la région de Mossoul, en Irak, en mai 2017. Les autorités américaines ont bien confirmé son décès deux jours plus tard. Mais en l’absence de preuve formelle de sa mort, la justice française a maintenu ses poursuites à l’encontre du djiahiste français, de sa compagne Justine Taquard et de Mohammed Ghellab, qui ne seraient plus en vie eux aussi. Tous trois originaires de Roanne, dans la Loire, ils seront jugés vendredi par défaut, à Paris, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Kassim comparaît aussi pour avoir été filmé en train de décapiter un homme et pour avoir proféré des menaces de mort.

Les trois accusés ont gagné la zone irako-syrienne en mai 2015, afin de grossir les rangs de Daesh. Né en janvier 1987, Kassim s’illustre au combat en commettant les pires atrocités. Diffusée le 21 juillet 2016 sur un chaîne Telegram, une vidéo intitulée « Leur coalition et notre terrorisme » montre deux hommes décapitant chacun un otage. Au côté d’un autre djihadiste, Amin Shewil, Rachid Kassim, tenue militaire et visage découvert, se félicite de l’attentat commis quelques jours auparavant sur la promenade des Anglais à Nice. Puis il menace la France en brandissant la tête ensanglantée de sa victime. « Décapiter un animal serait difficile. Décapiter un ennemi d’Allah, c’est un plaisir », confiait-il à un site djihadiste.



Tutoriel pour apprenti terroriste

Après une blessure au genou lors d’un entraînement, il s’impose rapidement comme un recruteur chevronné de Français. Omniprésent sur les réseaux sociaux - sa page Facebook a compté jusqu’à 12.000 abonnés –, il multiplie, au cours de l’été 2016, les appels à commettre des attentats en France, notamment par le biais de sa chaîne Telegram « Sabre de lumière ». Il élabore et diffuse à ses abonnées un guide pour apprenti terroriste intitulé « le guide du lion solitaire ». Une sorte de tutoriel contenant des « astuces » et conseils pour réussir un attentat, préconisant des modes opératoires et désignant des cibles qu’il estime prioritaires. Parmi ces dernières, le journaliste David Thomson et le directeur du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), Jean-Charles Brisard, qu’il qualifie « d’experts anti-islam » et qu’il menace de mort.

L’influence du propagandiste de Daesh auprès de sa communauté de personnes radicalisée a grandi au point d’en faire un « instigateur d’attentats en France », estime la justice. Rachid Kassim est connu pour avoir téléguidé l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville (Yvelines) en juin 2016, l’attentat manqué aux bonbonnes de gaz près de la cathédrale Notre-Dame trois mois plus tard à Paris, ou encore pour sa complicité dans l’assassinat du père Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) fin juillet 2016. Il a déjà été condamné deux fois par défaut à la prison à perpétuité.

Vidéos de revendication

Sur Telegram, Kassim a incité les femmes à s’impliquer activement dans le djihad, non pas en se rendant en Syrie mais en préparant des attentats sur le territoire. Il a développé tout un argumentaire religieux pour les convaincre qu’elles ont le droit - et même le devoir - de commettre des actions violentes sur le sol français. Il a également incité plusieurs mineurs à commettre un attentat après leur avoir envoyé une vidéo de revendication. Il a enfin diffusé sur sa chaîne des vidéos des revendications d’attaques, notamment celle de Larossi Aballa, l’assassin des Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider à Magnanville, et celle d’Adel Kermiche et Abdelmalik Petitjean, les meurtriers du père Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray.