Sarthe : Un géant du transport condamné pour harcèlement et homicide involontaire
PROCèS•Quatre dirigeants de Jacky-Perennot ont notamment écopé de peines de prison avec sursis, ce jeudi au Mans20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Des peines de 4 à 8 mois de prison avec sursis ont été prononcées jeudi par le tribunal correctionnel du Mans à l’encontre de plusieurs dirigeants de Jacky-Perennot.
- L’entreprise de transports a été également reconnue coupable d’homicide involontaire après le suicide d’un chauffeur.
Ils ont été reconnus coupables de harcèlement moral envers des salariés. Des peines de 4 à 8 mois de prison avec sursis ont été prononcées ce jeudi par le tribunal correctionnel du Mans contre quatre dirigeants de la société de transports Jacky-Perennot. Les prévenus ont cependant été relaxés du chef d’homicides involontaires après le décès de deux salariés. Leur entreprise est néanmoins reconnue coupable d’homicide involontaire concernant Pascal Le Jeune, un chauffeur qui s’était suicidé. Elle est également condamnée à verser une amende de 80.000 euros. Les dirigeants ont également été condamnés à verser des dommages et intérêts aux parties civiles.
« Tout ça, ça ne va pas ramener mon mari », a déploré la veuve de Pascal Le Jeune, qui a cependant réussi à faire reconnaître le suicide de son mari en accident du travail. « Pascal avait du caractère. Il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Comme il ouvrait sa gueule, ils lui ont donné des missions de m… (…) Tous ces gens-là sont responsables », a estimé la veuve à propos des dirigeants de l’entreprise. Une autre procédure est en cours auprès du tribunal des affaires sociales pour faute inexcusable de l’employeur.
Plus de 40 plaintes
Outre Pascal Le Jeune décédé à 56 ans, un autre chauffeur du groupe, qui emploie plus de 9.000 salariés et se présente comme leader dans le transport pour la grande distribution, avait trouvé la mort à 42 ans en 2018, dans un accident suite à un malaise au volant. Dans les deux cas, ces décès étaient en partie liés au rythme et aux conditions de travail imposés par la direction de la filiale sarthoise du groupe, Perrenot-Robineau, basée à Soulitré près du Mans, selon l’enquête.
Dans ce contexte, plus de 40 salariés ou proches des victimes présumées avaient déposé plainte pour harcèlement moral entre 2016 et 2021. Ils dénonçaient notamment des cadences infernales, des tournées modifiées au dernier moment, des « punitions » pour ceux qui ne répondaient pas au cadre imposé par l’entreprise.
« Les chauffeurs étaient devenus de simples pions, des numéros. Il n’y avait aucune politique sociale dans l’entreprise. C’était marche ou crève », avait affirmé lors de l’audience une ancienne employée du service des ressources humaines. Les dirigeants avaient expliqué que le transport routier était un « métier compliqué », qui oblige parfois les conducteurs à partir le matin sans savoir quand ils reviendront à leur base.