EscroqueriePoursuivi pour avoir coupé et revendu du bois ne lui appartenant pas

Moselle : Un ex-forestier poursuivi pour avoir coupé et revendu du bois ne lui appartenant pas

EscroquerieUn ancien dirigeant de groupement forestier était jugé devant le tribunal de Thionville pour avoir coupé et revendu du bois ne lui appartenant pas
Thibaut Gagnepain

T.G. avec AFP

L'essentiel

  • Le parquet de Thionville a requis lundi trois ans de prison, dont deux avec sursis, contre un homme, accusé d’avoir coupé et revendu du bois ne lui appartenant pas, pour un préjudice estimé à 500.000 euros.
  • Après avoir présenté ses excuses, le prévenu a reconnu avoir « dérapé » et coupé des arbres sur des parcelles qui ne lui appartenaient pas, poussé par la « hausse des prix du bois ».
  • Trois voitures de luxe avaient été saisies chez lui.

Du bois coupé par-ci, par-là dans des parcelles qui appartiennent à autrui, puis revendu. Voilà la combine pour laquelle est poursuivi un ancien dirigeant de groupement forestier devant le tribunal de Thionville (Moselle). Le parquet a requis lundi trois ans de prison, dont deux avec sursis, contre le prévenu, accusé d’avoir coupé et revendu du bois ne lui appartenant pas, pour un préjudice estimé à 500.000 euros.

Selon la vice-procureure, Valérie Kondratuk, Pierre A. a usé de sa fonction d’agent de la délégation régionale du Centre nationale de la propriété forestière (CNPF), un établissement public, pour acquérir des parcelles auprès d’une cinquantaine de propriétaires privés « au bénéfice » de sa société de groupement forestier, alors qu’il prétendait les conseiller.

Il n’a fait que « se constituer un patrimoine forestier », selon l’avocat de l’accusé

Grâce à son accès à la base de données du CNPF listant les propriétaires de forêt, il a pu identifier lesquels étaient décédés, n’habitaient pas dans les environs ou « ne viendraient rien réclamer » pour ensuite vendre le bois de leurs parcelles, a décrit la magistrate.

Des réquisitions lourdes, pour l’un des avocats de la défense, Me Pascal Bernard, selon qui le parquet n’a « pas démontré l’escroquerie ». Plaidant la relaxe, Me Yves Stella a aussi estimé que son client n’avait fait que « se constituer un patrimoine forestier », et a pu faire « des erreurs » de marquage et de délimitation des parcelles à couper, sans que la vente de bois ne constitue « une infraction pénale ». Agent public au sein du CNPF et parallèlement gérant privé d’un groupement forestier, Pierre A. n’a pas voulu dévoiler le chiffre d’affaires de sa société commerciale à l’audience.

Des voitures de luxe saisies

Un « problème de mélange des genres », selon le président, Jacques Ciampi. Le prévenu lui a alors répondu avoir acheté des parcelles par « passion de la forêt », « comme beaucoup de personnes de la filière forestière ».

Après avoir présenté ses excuses, il a aussi reconnu avoir « dérapé » et coupé des arbres sur des parcelles qui ne lui appartenaient pas, poussé par la « hausse des prix du bois » et à la demande de négociants en bois qui « lui mettaient la pression », s’est-il justifié devant la cour. « J’ai gagné de l’argent mais je l’ai réinvesti », a-t-il ajouté. « Dans des bagnoles ! », s’est alors exclamée une personne sur le banc des victimes.

Trois voitures de luxe avaient été saisies chez le prévenu en décembre dernier, lors de son interpellation. « Ce n’est pas dans la déontologie de notre établissement de vendre les biens d’autrui », s’est quant à lui désolé Alain Lefeuvre, directeur de la délégation régionale Grand-Est du CNPF.

Le jugement a été mis en délibéré au 23 janvier prochain.