JUSTICEDeux sœurs chinoises jugées à Bordeaux pour proxénétisme

Bordeaux : Procès de deux sœurs chinoises à la tête d’un réseau de proxénétisme

JUSTICEL’affaire a commencé par un témoignage anonyme recueilli en janvier 2020
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Onze personnes suspectées d’appartenir à un réseau de proxénétisme qui a opéré dans toute la France sont jugées jusqu’à jeudi à Bordeaux.
  • Les prévenus devront répondre de proxénétisme aggravé commis en bande organisée.
  • C’est un va-et-vient incessant dans un appartement du centre-ville de Montauban qui a éveillé l’attention du voisinage et déclenché le début de l’enquête.

Le procès d’un réseau de prostitution opérant dans toute la France s’est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Deux sœurs chinoises sont accusées de proxénétisme et neuf propriétaires d’avoir loué leurs appartements hébergeant les passes des prostituées. Pendant quatre jours, les prévenus devront répondre de proxénétisme aggravé commis en bande organisée.

Les deux sœurs proxénètes ainsi que le mari de l’une d’elles devront également répondre notamment de traite d’êtres humains en bande organisée, blanchiment aggravé et participation à une association de malfaiteurs.

L’organisatrice domiciliée en Creuse

L’affaire commence avec un témoignage anonyme en janvier 2020 dénonçant un va-et-vient incessant dans un appartement du centre-ville de Montauban (Tarn-et-Garonne). Les policiers de la sûreté départementale interviennent dans le logement loué et découvrent deux ressortissantes chinoises enregistrées sur un site Internet d’escortes.

Après un long travail de surveillance et d’écoutes téléphoniques, les enquêteurs de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Bordeaux remontent jusqu’à l’organisatrice principale, Yan Hu, 47 ans. Depuis sa maison dans un hameau près de La Souterraine (Creuse), cette mère de famille diffusait des annonces sur un site Internet d’escortes, louait les logements en province sur des plateformes de type Airbnb, organisait les déplacements et officiait comme standardiste auprès des clients en fixant les tarifs et les lieux de rendez-vous.

Le réseau installé dans 17 villes

Après avoir travaillé auparavant pour d’autres réseaux, « la patronne » avait monté sa propre affaire en 2019 puis fait venir de Chine sa sœur Xiuqin Hu, de deux ans sa cadette et domiciliée à Clichy (Hauts-de-Seine) pour la seconder dans sa lucrative affaire, tournant dans 17 villes moyennes du territoire.

Elles surveillaient et chronométraient une dizaine de prostituées, souvent d’âge mûr et parlant mal le français, qui leur versaient ensuite la moitié de leurs gains. Les enquêteurs ont découvert plus de 46.000 euros en petites coupures au domicile creusois et près de 40.000 euros en banlieue parisienne. Une partie des espèces était ensuite transférée sur des comptes en Chine. Lundi, les deux femmes étaient assistées d’une traductrice à l’audience.

Malgré les éléments l’incriminant, l’époux de Yan Hu, menuisier, a toujours nié avoir eu connaissance des activités de proxénète de son épouse, qu’il pensait standardiste pour des femmes pratiquant seulement des massages traditionnels chinois.

La justice reproche aux propriétaires des appartements transformés en maisons closes d’avoir fermé les yeux en connaissance de cause. Les réquisitions et plaidoiries sont attendues mercredi, le jugement jeudi.