Charente : Perpétuité pour deux hommes et une femme qui avaient torturé à mort un quadragénaire
ASSISES•Un habitant de La Rochelle de 43 ans avait été frappé, torturé, violé et mutilé en 2019 à Cognac, après une soirée dans l’appartement d’une femme rencontrée quelques jours auparavant sur Facebook20 Minutes avec AFP
Deux hommes et une femme, accusés d’avoir torturé à mort un quadragénaire, en 2019 à Cognac, ont été condamnés mardi à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises de la Charente. Ils ont été déclarés coupables du meurtre avec acte de torture et de barbarie de Gérald Matifas, 42 ans.
Deux autres personnes reconnues complices de non-dénonciation de crime ont été condamnées à 18 et 24 mois de prison. « On a du mal à poser des mots » sur le supplice infligé à la victime, avait estimé l’avocate générale, Sophie O’Hana, lors de ses réquisitions lundi après une semaine d’audience.
Sur fond de consommation d’alcool et de drogue
Avant d’être tué, Gérald Matifas, un habitant de La Rochelle âgé de 43 ans, a été frappé, torturé, violé et mutilé entre le 8 et le 10 avril 2019 à Cognac, après une soirée dans l’appartement de Cathy Bichon, rencontrée quelques jours auparavant sur Facebook, avec David Klein, l’ex-compagnon de celle-ci, et Philippe Laroche, une de leurs connaissances.
Son corps avait été retrouvé deux semaines plus tard dans un bois de Charente-Maritime, en partie calciné, le sexe tranché. Le mobile du crime, survenu sur fond de consommation importante d’alcool et de drogue, et de misère sociale, reste flou, entre accusations de viol et argent. D’autant plus que Cathy Bichon (41 ans aujourd’hui), David Klein (38 ans) et Philippe Laroche (30 ans) se sont renvoyé la balle durant les débats entamés le 10 octobre.
« A tour de rôle ils ont frappé, violé »
Les experts psychiatriques ont décrit la première comme « manipulatrice » ou « meneuse », le second comme « peureux » mais aussi « pervers », le troisième comme « ultraviolent ». Mais l’avocate générale s’est dite convaincue de leur responsabilité commune.
« À tour de rôle ils ont frappé, à tour de rôle ils l’ont violé, à tour de rôle ils lui ont uriné dessus », a-t-elle martelé lors de son réquisitoire, estimant que chacun des trois accusés partageait l' « intention d’homicide » : « Ils ont décidé ensemble d’en finir ».
Une femme « qui a une haine absolue des hommes »
Dans leurs plaidoiries de défense, les avocates de Philippe Laroche et David Klein ont fait de Cathy Bichon l’instigatrice des violences qui ont déferlé sur la victime. « Elle va les convaincre qu’il faut absolument faire la peau de M. Matifas », a affirmé Véronique Chabrier, avocate du premier, tandis que sa consœur Éva Dion, intervenant pour le second, évoquait une femme « qui a une haine absolue des hommes ». « Être plus intelligente ne fait pas d’elle une manipulatrice ou une meneuse », leur a rétorqué Marine Gautreau, conseil de Cathy Bichon.
« Vous n’avez pas à juger des monstres, vous n’avez pas à juger des animaux, vous avez à juger des hommes. Les monstres, ça n’existe pas, les faits sont réels », a lancé au jury Eva Dion, en désaccord avec l’idée d’une même condamnation pour les trois principaux accusés.
Les jurés ont finalement suivi les réquisitions de l’avocate générale, soit la prison à perpétuité pour les trois prévenus.