AssisesVingt ans de prison pour avoir tué son épouse après 54 ans de mariage

Montpellier : Vingt ans de prison pour avoir tué son épouse après 54 ans de mariage

AssisesLe 2 août 2018, Abderrahmane Khalid avait tué sa femme à coups de pelle
Jérôme Diesnis

J.D. avec AFP

L'essentiel

  • Abderrahmane Khalid, âgé de 83 ans, a été reconnu coupable d’avoir tué d’une quarantaine de coups de pelle son épouse.
  • Elle lui avait annoncé son intention de divorcer après 54 ans de mariage.
  • L’avocate générale a comparé le visage de sa femme, fracassé par « 36 coups de pelle », à « une sculpture de César ».

La cour d’assises de l’Hérault a condamné à vingt années de réclusion criminelle Abderrahmane Khalid. Cet homme de 83 ans a été reconnu coupable d’avoir tué d’une quarantaine de coups de pelle son épouse. Elle lui avait annoncé son intention de divorcer après 54 ans de mariage.

Dans son réquisitoire, l’avocate générale, Isabelle Delande, avait réclamé une peine « d’au moins quinze ans » de prison pour cet ancien chauffeur-livreur, qui encourait la réclusion à perpétuité. Les jurés ont reconnu que la responsabilité de l’accusé, âgé de 79 ans à l’époque des faits, était atténuée par ses troubles psychiques, selon le verdict prononcé après trois jours de procès et un délibéré de trois heures.

« Absence de remords »

Le 2 août 2018, Abderrahmane Khalid « est entré de manière fracassante dans la criminalité », avait estimé dans son réquisitoire la représentante du ministère public. Elle avait souligné « l’absence de remords » de cet homme né en Algérie en 1939 et qui avait tout fait pour s’intégrer socialement en France, avec sa femme Akila Cherrad, épousée à Lyon en 1964. Après une vie de travail, ils avaient réussi à s’offrir une belle maison dans l’Hérault.

« Ce qui l’obsède, c’est la perte de sa maison, de ne pas passer sa retraite comme il l’avait imaginée », avait-elle remarqué, notant qu’il n’avait « pas eu un mot pour sa femme ou ses trois filles ». Akila Cherrad, femme au caractère bien trempé mais « malheureuse », a-t-elle ajouté, ne supportait pas d’être l’assistante de vie d’un mari défaillant, pour lequel elle avait l’impression de s’être sacrifiée toute sa vie. De son côté, lui avait développé une forme de paranoïa, s’étant « autopersuadé » que son épouse de 73 ans le trompait avec un amant, au sein même du domicile conjugal, selon la magistrate.

Un visage comparable à « une sculpture de César »

Devant la cour d’assises, Abderrahmane Khalid avait persisté, comme il le fait depuis quatre ans, à attribuer son acte à un « coup de folie », sans l’expliquer clairement. « Il savait ce qu’il faisait, il voulait la tuer », a martelé l’avocate générale, en comparant le visage de sa femme, fracassé par « 36 coups de pelle », à « une sculpture de César ».

L’avocate de la défense, Florence Delfau-Bardy, avait demandé de la « retenue » aux jurés. « L’acte est sauvage mais la personne qui l’a commis n’était pas un sauvage », avait-elle plaidé. Abderrahmane Khalid a dix jours pour faire appel de sa condamnation.