PROCESFiché S, candidats, prof, militaire… L’ultradroite face à la justice

Marseille : Fiché S, candidats, ex-légionnaire, prof d’histoire… Qui sont les militants d’ultradroite jugés ?

PROCESVingt-trois jeunes prévenus, ex-membres de l’organisation dissoute Génération identitaire, sont jugés à Marseille pour l’intrusion dans les locaux de SOS Méditerranée en octobre 2018
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Vingt-trois jeunes militants d’extrême droite, venus de toute la France, ont fait violemment irruption en octobre 2018 dans les locaux du siège de l’association SOS Méditerranée à Marseille.
  • Parmi eux, quelques figures médiatiques et des parcours divers.
  • Le procès doit se tenir jusqu’au 19 octobre. Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Jugés jusqu’au 19 octobre à Marseille pour des violences commises en réunion lors de leur intrusion au siège de SOS Méditerranée le 5 octobre 2018, les vingt-trois prévenus viennent d’horizons géographiques et professionnels variés. Pour certains, ils ont déjà été condamnés pour de précédentes actions commises avec le groupe d’ultradroite Génération identitaire, active de 2012 à 2021, au moment de leur dissolution par décret.



Lors des deux premiers jours d’audience, seuls dix d’entre eux se sont présentés physiquement face à la justice, et deux des prévenus les plus connus des journaux manquent à l’appel. Parmi ceux-ci, Anne-Thaïs du Tertre d’Escœuffant, dite Thaïs d’Escufon, un temps médiatique porte-parole de Génération identitaire (GI), ne s’est pas encore présentée. La jeune militante de 23 ans était ce mardi midi au micro de Sud Radio pour donner sa version des faits reprochés. Jérémy Piano, candidat pour Reconquête ! aux élections législatives à Aix-en-Provence, était lui ce week-end en Espagne aux côtés de Marion-Maréchal Le Pen pour la fête du parti d’extrême droite Vox, comme l’illustre son compte Twitter.

Un ex-légionnaire, un fiché S, des candidats

Passé ces figures de proues, le tribunal a retrouvé sur le banc des prévenus Edouard Michau, un militant fiché S et décrit par les services de renseignement comme « dangereux » et « susceptible de commettre des actions violentes ». Ce Parisien âgé de 26 ans, étudiant en histoire à l’époque des faits, n’a fait état, comme ses camarades jusqu’à présent, d’aucun regret face à ses juges. « Je n’ai pas de regret d’avoir participé à cette action quand on sait ce que provoque l’immigration massive en Europe chaque année », a-t-il soutenu. En mars dernier, il a été condamné pour l’occupation du toit de la CAF de Bobigny organisé par Génération identitaire. Les avocats des parties civiles ont appuyé sur sa potentielle dangerosité, versant au dossier une photo de lui en compagnie de Marc de Cacqueray, chef du groupe d’ultradroite parisien Les Zouaves, qui a purgé une peine de prison d’un an et qui a été libéré en mars dernier.

Lors de leurs auditions par le tribunal, les prévenus présents se sont attachés à présenter un récit diluant les responsabilités, louvoyant pour ne pas répondre aux questions concernant l’organisation de cette intrusion. Ainsi, le tribunal n’avance pas vraiment dans les compréhensions des faits tels que qui a transporté le matériel, banderole et fumigènes, et qui a coordonné l’action via l’application Télégram. Un récit soutenu par Mathieu Balavoine, professeur d’histoire-géographie à Rouen au moment des faits. Candidat en 2015 lors d’élections départementales pour le Rassemblement national, le trentenaire n’en était pas à son premier coup d’essai, ayant déjà été condamné pour l’irruption au siège du PS pendant les « Manif pour tous » dénonçant le mariage homosexuel.

Sur les bancs de la caserne du Muy, salle annexe du tribunal correctionnel de Marseille dimensionnée pour juger les procès dits « hors normes » par le nombre des prévenus et/ou des parties civiles, se trouve également Peter Sterligov, aujourd’hui âgé de 37 ans. Né en Russie, venu en France à l’âge de 13 ans avec ses parents depuis repartis, ce dernier a obtenu la nationalité française en passant par la légion étrangère. Pas encore entendu par les juges, il travaille actuellement à la mairie de Beaucaire, dans le Gard, où il dirige le service technique de la municipalité dirigée par le Rassemblement national.

Poursuivis pour « participation à un groupement formée en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens » et « de violence commise en réunion suivie d’incapacité supérieure à 8 jours », ils encourent jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.