Procès du drame de Millas : La conductrice du car s’effondre, les débats brutalement suspendus
COMPTE-RENDU•Céline Ballérini, la présidente du tribunal, a interrompu l’audience du procès de l’accident de Millas ce jeudi après-midi, après le malaise de la prévenue, la conductrice du car scolaire Nadine OliveiraAlexandre Vella
L'essentiel
- Ce lundi s’est ouvert le procès du drame de Millas qui, le 14 décembre 2017, a coûté la vie à six collégiens, après une collision sur un passage à niveau entre un TER et un car scolaire.
- Les débats de ce jeudi après-midi étaient consacrés aux traitements médicamenteux consommés à l’époque par Nadine Oliveira, la conductrice du car.
- Mais face aux questions des avocats, la prévenue s’est effondrée et a été évacuée par les pompiers.
Au tribunal correctionnel de Marseille,
Le silence, profond, a succédé aux crises de larmes de la prévenue, ce jeudi après-midi dans la salle de la caserne du Muy, à Marseille, dédiée aux procès hors-norme. Après une matinée consacrée à diverses expertises, le tribunal a relancé l’audience à 13h30, se penchant sur la consommation de médicaments de Nadine Oliveira, la conductrice du car scolaire poursuivie, notamment, pour l’homicide involontaire de six enfants, décédés dans l’accident de Millas. Un comprimé de Zopiclone, un somnifère, par soir. Un médicament qui présente une contre-indication à la conduite dans les douze heures qui suivent sa prise. Un produit qu’elle consommait depuis 2011, sans parvenir à s’en défaire. Le tribunal tente alors d’explorer la piste d’un « micro-sommeil », ce que balaie la prévenue : « Non, je ne me suis pas endormie. »
Mais l’audience a pris une autre tournure aux alentours de 15 heures, lorsqu’après les questions de Céline Ballérini, la présidente du tribunal, et alors que la prévenue lutte pour s’exprimer entre deux sanglots, les avocats des parties civils sont revenus sur ce que Nadine Oliveira nomme « son trou noir ». Cet instant qui sépare la seconde d’avant le choc à sa reprise de connaissance. « Je me réveille en sursaut, et là je ne sais pas si j’ai déposé les enfants et je sais qu’il y a un problème. J’ai l’impression de voir la scène d’en haut, les hélicoptères, les cris des enfants… La dernière chose dont je me souvienne, c’est la barrière ouverte », formule-t-elle, une fois encore, en sanglotant, essuyant régulièrement ses larmes d’un mouchoir tiré d’un des deux paquets à disposition sur le pupitre situé sous la barre.
La prévenue prise en charge par les pompiers
Rapidement, les sanglots montent et deviennent des pleurs, à mesure que Nadine Oliveira revit et réexplique une énième fois la scène qui a fait basculer sa vie et celle des 23 collégiens qu’elle transportait et dont elle avait la responsabilité. Puis les pleurs ont laissé place à une crise de larmes incontrôlée, conduisant la présidente du tribunal à suspendre à l’audience.
De derrière la porte jouxtant la salle où Nadine Oliveira a été conduite, l’audience entend ses lourdes inspirations qui succèdent aux cris d’effondrement. Inès, une des collégiennes victimes, passe alors le pas de la porte et entreprend d’aller voir son ancienne conductrice. Les pompiers interviennent, et finissent par évacuer la prévenue. « L’audience ne reprendra pas ce soir. Elle reprendra lundi. Nous verrons dans quel état se trouve Madame Oliveira », a annoncé la présidente du tribunal après avoir attendu qu’un silence s’installe.
Visiblement atteinte aussi par l’émotion d’une semaine de procès éprouvante, la juge a ensuite pris le temps de dire un mot à l’audience. « Ce que nous vivons, sans comparaison aucune avec ce que vivent les victimes, est très lourd. Mais j’aimerais que ce week-end, nous ayons une pensée pour le futur », a-t-elle conclu, évoquant les 18 ans que s’apprête à fêter Enzo, un des enfants survivants.