TRIBUNALCinq internautes condamnés pour avoir cyberharcelé Nicolas Hénin

Cinq internautes condamnés pour le cyberharcèlement de l'ex-journaliste et otage Nicolas Hénin

TRIBUNALLes cinq internautes ont été condamnés à deux ans d’inéligibilité avec, pour trois d’entre eux, une non-inscription au casier judiciaire
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’ancien journaliste avait dû faire face à un déferlement de tweets haineux en « 48 heures ». Cinq auteurs de ces messages ont été condamnés ce mercredi à deux mois de prison avec sursis. Ces trois hommes et deux femmes avaient participé au cyberharcèlement de Nicolas Hénin sur Twitter en février 2019.

Ce dernier, qui fut l’otage de l’organisation État islamique pendant dix mois en Syrie en 2013-2014, avait témoigné lors du procès le 20 avril. Des milliers de messages étaient apparus alors que Nicolas Hénin, désormais spécialisé dans le conseil sur la lutte contre le terrorisme et la radicalisation islamiste, avait appelé à signaler à Twitter et à la plateforme Pharos des tweets publiés par le père d’une victime des attentats du 13-Novembre, Patrick Jardin.

« Tuons aussi leurs enfants »

S’exprimant à propos du retour envisagé à l’époque de plusieurs dizaines de djihadistes français détenus par les Kurdes, Patrick Jardin avait écrit : « Fusillons-les (…) comme Leclerc a fait fusiller les Français de la Waffen SS », « tuons aussi leurs enfants d’ailleurs ». Son compte ayant été fermé, il avait ensuite traité Nicolas Hénin sur un autre compte de « petit journaleux délateur gauchiasse » et obtenu le soutien de plusieurs figures du Rassemblement national.

Parmi la vague de tweets qui avaient ensuite visé Nicolas Hénin, un étudiant de 21 ans, qui fait partie des personnes condamnées, avait écrit : « Putain, mais quel fils de pute… c’est lui qui mérite l’exécution ». « Je souhaite que la prochaine victime de terrorisme soit votre gosse, qu’il ait le temps de voir les gens tomber autour de lui, que la peur le bouffe (…) », avait notamment tweeté une autre prévenue reconnue coupable mercredi.

« Soulagement et satisfaction »

Le tribunal a en outre condamné les cinq internautes à deux ans d’inéligibilité avec, pour trois d’entre eux, une non-inscription au casier judiciaire. Chacun a été condamné à payer 1.000 euros en dommages et intérêts et 800 euros en frais de justice à Nicolas Hénin. La juridiction a néanmoins relaxé les prévenus du chef de menaces de mort, estimant qu’ils ne pouvaient être condamnés au titre des deux infractions, comme l’avait suggéré le parquet lors du procès, où seuls deux internautes étaient présents.

Les avocats des trois prévenus représentés – deux n’avaient pas d’avocat – avaient plaidé la relaxe totale. Ils peuvent interjeter appel. « C’est une grande satisfaction, c’est une pierre de plus à l’édifice judiciaire sur le cyberharcèlement, parce que c’est une décision parmi les toutes premières qui appliquent le harcèlement en meute », intégré à la législation depuis 2018, s’est félicité mercredi Me Eric Morain, avocat de Nicolas Hénin. « Je viens d’avoir mon client qui exprime son soulagement et sa satisfaction », a-t-il ajouté.