ESCROQUERIEVrai procès pour faux tests négatifs du Covid-19 à Nice

Covid-19 à Nice : Vrai procès pour faux tests négatifs, trois responsables de laboratoires d'analyses au tribunal

ESCROQUERIETrois responsables de laboratoires sont jugés à Nice pour avoir délivré des résultats à leurs patients sans que les prélèvements n’aient été analysés
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Poursuivis pour avoir transmis des résultats frauduleux du test du Covid-19 à plusieurs centaines de patients, trois responsables, à l’époque des faits, de laboratoires d’analyses sont renvoyés ce lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Nice.
  • « Les prélèvements en question étaient bien réalisés mais ils ne faisaient l’objet d’aucune analyse, précise le parquet de Nice à 20 Minutes. Des résultats frauduleux étaient ensuite retournés ».
  • « Face aux enquêteurs, les mis en cause ont expliqué qu’ils n’avaient pas pu, alors, traiter l’intégralité d’un important flot de dépistages », a indiqué le parquet.

Si vous aviez été testé négatif au virus du Covid-19, entre le 1er septembre et le 8 octobre 2020 dans certains laboratoires d'analyses de la Côte d’Azur, vous ne l’étiez en fait… peut-être pas. Poursuivis pour avoir transmis des résultats frauduleux à plusieurs centaines de patients, trois responsables, à l’époque des faits, d’officines du réseau Eurofins Labazur iLab sont renvoyés ce lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Nice. Ces hommes de 44, 45 et 74 ans doivent y être jugés pour faux, usage de faux, escroquerie et mise en danger d’autrui.

« Les prélèvements en question étaient bien réalisés mais ils ne faisaient l’objet d’aucune analyse, précise le parquet de Nice à 20 Minutes. Des résultats frauduleux étaient ensuite retournés ». Ils concerneraient 497 tests, pointés lors des investigations, qui ont ainsi fait l’objet d’une « saisie manuelle » sans que les échantillons n’aient été dépistés.

En septembre 2020, une « embolisation » des laboratoires

Les faits ont été commis à Nice, Peymeinade et Montauroux (Var). Et c’est le signalement d’une patiente, étonnée d’obtenir un résultat négatif tout en ayant été diagnostiquée positive par ailleurs, qui avait éveillé les soupçons. « Face aux enquêteurs, les mis en cause ont expliqué qu’ils n’avaient pas pu, alors, traiter l’intégralité d’un important flot de dépistages », a précisé le parquet.

Dans un communiqué publié le 22 septembre 2020, l’ARS Paca indiquait en effet que « l’intensification de la stratégie de dépistage [avait] entraîné, dans certains territoires, une embolisation des laboratoires de biologie médicale, rallongeant les délais de rendez-vous et de rendus des résultats ». Elle précisait toutefois que « les capacités analytiques des laboratoires » n’étaient alors « pas à saturation ».

« Pression » et « manque de moyens »

A la veille du procès, Me Romain Guerinot, l’avocat d’un des prévenus, officiant à Nice, reconnaît bien que certains prélèvements n’ont pas été traités « face à la pression et alors que les moyens manquaient ». Mais « uniquement sur deux jours » et « sans en tirer aucun profit », affirme-t-il.

« A cette époque-là, au début de la deuxième vague de la pandémie, les laboratoires font face à un flux de patients colossal, décrit-il aussi. Les délais s’allongent et certains vont même jusqu’à harceler le personnel pour obtenir leurs résultats ». La situation aurait été intenable. « On a d’abord considéré les professionnels de santé comme des héros, sans leur donner de moyens. Et maintenant on voudrait les faire passer pour des escrocs ? Une condamnation serait difficilement audible alors que sur la gestion de la crise, personne ne semble pouvoir être poursuivi », ajoute encore Me Romain Guerinot. Ce lundi, si l’audience n’est pas renvoyée, il plaidera notamment aux côtés du médiatique avocat Fabrice Di Vizio, figure du mouvement antipass.

La Société d’exercice libérale par actions simplifiée (Selas) Eurofins Labazur iLab ainsi que plusieurs gérants d’autres labos azuréens pourraient se constituer partie civile. Tout comme la Caisse primaire d’assurance maladie.