Pizza Buitoni contaminée à l’E.coli : Une enquête ouverte et de nombreuses questions en suspens
CONTAMINATIONS•Alors qu’au moins 75 personnes, dont de nombreux enfants, ont été infectées par la bactérie E.coli, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête en fin de semaine dernièreCaroline Politi
L'essentiel
- La France fait actuellement face à la plus grosse épidémie de bactérie E.coli qu’elle ait jamais connue.
- Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris qui dispose d’un pôle « santé publique ».
- Quels sont les enjeux de ces investigations ? On fait le point.
Un scandale sanitaire d’une rare ampleur. Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête notamment pour blessures et homicides involontaires après que plusieurs dizaines de cas graves de contaminations liées à la bactérie Escherichia coli (E.coli) ont été recensées ces dernières semaines un peu partout dans l’Hexagone. Deux enfants sont décédés et des dizaines d’autres pourraient garder des séquelles à vie. Si les autorités sanitaires ont d’ores et déjà établi un lien avec la consommation de pizzas Buitoni, de nombreuses questions restent en suspens. 20 Minutes fait le point.
Pourquoi le parquet de Paris est saisi de l’affaire ?
Si l’information a été rendue publique vendredi dernier, le parquet de Paris a, en réalité, ouvert une enquête notamment pour « tromperie », « mise en danger de la vie d’autrui », « blessures involontaires » et « homicides involontaires » dès le 22 mars, après le dessaisissement des parquets de Nancy et de Saint-Malo. L’Ile-de-France n’est pas la région comptant le plus grand nombre de cas – neuf, contre seize recensés dans les Hauts-de-France ou onze en Nouvelle-Aquitaine – mais le parquet de Paris est l’un des deux seuls, avec celui de Marseille, à disposer d’un pôle « santé publique ». « Ce type d’enquête nécessite une expertise particulière notamment en raison de la technicité des infractions », précise une source judiciaire. Et d’ajouter : « Cela permet également d’avoir une vision globale malgré l’aspect transrégional de ce dossier. »
Combien y a-t-il de plaintes ?
C’est, à l’heure actuelle, très difficile à estimer. A Bordeaux, par exemple, le parquet est actuellement saisi de deux plaintes de parents dont les enfants ont été contaminés par une bactérie. Mais la nature de celle-ci n’est pas encore identifiée, indique à 20 Minutes le procureur de la République, Sébastien Baumert. Et de préciser : « des investigations sont en cours pour déterminer s’il s’agit bien de la même souche E.coli que les dossiers relevant déjà de la compétence du pôle santé publique de Paris. »
Pour l’heure, seuls deux parquets, Saint-Malo et Nancy, donc, se sont officiellement dessaisis mais leur nombre pourrait fortement augmenter dans les jours à venir en fonction des premières investigations, comme à Bordeaux. Selon Santé Publique France, sur les 75 cas de syndrome hémolytique et urémique – la complication grave liée à la bactérie E.coli – recensés, 41 présentent des « caractéristiques similaires » et 34 sont toujours en cours d’investigation. Plusieurs familles ont d’ores et déjà annoncé avoir porté plainte ou leur intention de le faire.
Les investigations portent-elles uniquement sur les pizzas Buitoni ?
Non. Les analyses menées par les autorités sanitaires ont effectivement établi un lien entre plusieurs cas et la consommation des pizzas de la gamme « Fraîch’Up » de Buitoni, mais ces suspicions nécessitent d’être confirmées. Ainsi, l’usine qui les produit dans le nord de la France est pointée du doigt mais les tests réalisés sont tous revenus négatifs. Par ailleurs, dans ce dossier d’une ampleur inédite, rien n’indique pour l’instant que tous les cas concernés soient liés à la consommation de ces pizzas.
L’enquête ouverte par le parquet de Paris ne vise, en réalité, aucune personne physique ou morale. Elle porte – comme c’est systématiquement le cas à ce stade des investigations – uniquement sur les faits. En clair : l’analyse des différents cas recensés pourrait effectivement confirmer les suspicions des autorités sanitaires, mais la responsabilité de personne tiers pourrait également être établie, à l’instar de sous-traitants ou de fournisseurs. C’est ce que devront notamment déterminer les investigations l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), la direction générale de la gendarmerie, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires.