DAESHLe djihadiste français Kevin Guiavarch condamné à 14 ans de prison

Procès Guiavarch : Le pionnier français du djihadisme condamné à 14 ans de prison, malgré ses « regrets »

DAESHLe djihadiste « repenti », accusé d’avoir combattu en Syrie au sein de Daesh, était jugé devant la cour d'assises spéciale «regrets»
M.F avec AFP

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«Je regrette et j’ai honte ». Ce sont les derniers mots prononcés vendredi par Kevin Guiavarch, avant que la cour d’assises spéciale se retire pour délibérer. « Même si je suis condamné, je vivrai toute ma vie avec cette honte et ce regret », a ajouté le jeune homme de 29 ans, en essuyant quelques larmes. Des mots qui n’ont pas suffi à convaincre les juges qui l’ont condamné à 14 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

Ce Français, l’un des premiers à avoir rejoint le djihad en Syrie, était jugé depuis mi-mars aux côtés de ses quatre épouses pour « association de malfaiteurs terroriste ». Jeudi, le parquet avait requis 18 ans de réclusion criminelle à son encontre, avec une période de sûreté des deux tiers, soit quasiment le maximum prévu par la loi pour ce crime. Sa femme légitime, Salma O., 40 ans, a été condamnée par la cour d’assises spéciale de Paris à six années de prison qu’elle accomplira à domicile sous bracelet électronique

« Un costume beaucoup trop large pour lui »

Lors de l’ultime plaidoirie du procès, Me Vincent Brengarth, avocat de Kevin Guiavarch, a exhorté la cour à ne pas juger son client en fonction « d’un costume beaucoup trop large pour lui ». Selon l’avocat, Kevin Guiavarch n’a pas participé à des combats avec Daesh et ne projetait aucun attentat en France. Dès octobre 2014, il avait contacté par mail un avocat français pour lui annoncer son désir de quitter la Syrie avec ses quatre femmes et leurs six enfants. « Le véritable dessein de Kevin Guiavarch était de structurer une famille autour de lui », a affirmé l’avocat.

Son épouse légitime, Salma O., 40 ans, contre laquelle le Parquet national antiterroriste avait requis quatorze ans de réclusion criminelle, également avec une période de sûreté des deux tiers, a reconnu les faits qui lui sont reprochés : « je regrette amèrement le choix d’être partie là-bas ». Comparaissant libre, sous contrôle judiciaire, elle a rappelé à la cour qu’elle avait réussi à renouer « un lien précieux » avec ses deux enfants, nés en Syrie pendant son séjour sur zone avec Kevin Guiavarch et qu’elle avait « trouvé du travail ».

Les trois « co-épouses » de Kevin Guiavarch, Parveen L. (née en 1994), Sally D. (1990) et Sahra R. (1994), ont écopé d’une peine de cinq ans de prison assortie de deux à quatre ans de sursis probatoire (accompagné d’obligations et d’interdictions) en fonction de la durée de leur séjour en Syrie et de leur reconnaissance des faits à l’instruction et à l’audience. Toutes les trois ont exprimé des regrets vendredi à la barre. « J’ai fait une grave erreur (en me rendant en Syrie) en tant que femme, mère et citoyenne », a ainsi déclaré Parveen L. « Personnellement, je suis consciente que je reviens de loin », a-t-elle ajouté.