Procès Guiavarch : Le djihadiste « repenti » et ses quatre femmes devant la cour d’assises
TERRORISME•Kevin Guiavarch est accusé d’avoir combattu en Syrie au sein de Daesh, une de ses femmes est jugée pour « financement d’entreprise terroriste »M.F avec AFP
Le procès du djihadiste Kevin Guiavarch s’est ouvert ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. L’homme de 29 ans est jugé pour association de malfaiteurs terroriste aux côtés de sa femme et de ses trois co-épouses. Selon l’accusation, le djihadiste, devenu Abou Ayoub, a été « combattant » au sein de Daesh. De nombreux clichés le montrent en tenue de combat et en possession d’armes de guerre. Mais l’intéressé conteste cette version, assurant avoir joué « un jeu de rôle » auprès de Daesh et affirmant qu’il songeait à déserter ses rangs dès 2014 mais qu’il était resté sur zone « par résignation ».
« Je suis allé en Syrie pour venir en aide à la population », a expliqué Kevin Guiavarch en soulignant qu’il avait d’abord combattu dans les rangs de l’Armée syrienne libre (ASL) avant que son groupe rejoigne Daesh. « Traumatisé » par la mort au combat d’un de ses camarades, celui qui assure être aujourd’hui repenti assure n’avoir eu de cesse de quitter la Syrie avec sa famille. Après trois tentatives infructueuses, Guiavarch et sa famille nombreuse sont parvenus à entrer en Turquie à pied le 6 juin 2016. Rapidement interpellés, ils sont remis à la France en octobre et novembre 2016.
Quatre épouses, dont une enceinte et une cinquième femme
Lors de l’audience, Kevin Guiavarch partage le box des accusés avec Sahra R., 27 ans, une de ses ex-épouses, visiblement enceinte de plusieurs mois. Une demande de mise en liberté provisoire de Sahra R. devait être examinée dans l’après-midi par la chambre de l’instruction. Toutes les autres accusées comparaissent libres, sous contrôle judiciaire.
Outre Kevin Guiavarch et ses quatre « épouses », une cinquième femme, Camélia M., est jugée à leurs côtés pour « financement d’entreprise terroriste ». Elle est accusée d’avoir cherché à faciliter le départ en Syrie d’une mineure radicalisée, originaire de Troyes, qui aurait dû épouser Kevin Guiavarch une fois en Syrie. L’infraction d’association de malfaiteurs terroriste criminelle est passible de 30 ans de réclusion mais, en raison de la date des faits reprochés aux accusés ils risquent vingt ans de réclusion. Camélia M. encourt quant à elle 10 ans de réclusion.
Le parcours de Kevin Guiavarch
Issu d’une famille chrétienne, Guiavarch s’est converti à l’islam à l’âge de 13 ans et se serait radicalisé lors de l’installation de sa famille à Grenoble à partir de 2009. Il milite dans les rangs du groupe islamiste radical Forsane Alizza («Les cavaliers de la fierté », aujourd’hui dissous) qui prône le djihad armé et souhaite instaurer un califat en France.
Après un premier mariage et la naissance d’un premier enfant, Guiavarch épouse en avril 2012, Salma O., de douze ans son aînée, également militante à Forsane Alizza. Le couple rejoint la Syrie à la fin de l’année 2012. Installé dans une zone contrôlée par Daesh, le jeune homme se retrouve assez rapidement à la tête d’un foyer de quatre épouses avec lesquelles il aura six enfants.
Outre Salma O., Kevin Guiavarch épouse Parveen L. (née en 1994), puis Sally D. (1990) et enfin Sahra R. (1994), toutes originaires de France et recrutées depuis la Syrie via un compte Facebook.