Loire-Atlantique : Après des centaines de vols, un important trafic de pots catalytiques démantelé
ENQUETE•Onze personnes soupçonnées de vol et de recel de pots d’échappement de voitures ont été interpellées le mois dernier, en Loire-Atlantique et en BretagneJulie Urbach
L'essentiel
- Le procureur de la République de Nantes annonce le démantèlement d’un important trafic de pots catalytiques, qui transitaient de l’Ouest de la France vers la Pologne.
- Cinq receleurs, membres d’une même famille polonaise, seront notamment jugés au mois de septembre.
C’est un dossier « qui sort franchement de l’ordinaire ». Ce vendredi, le procureur de la République de Nantes annonce le démantèlement d’un important trafic de pots catalytiques de voitures, qui transitaient entre l’Ouest de la France et la Pologne. Six voleurs, âgés de 18 à 50 ans, ont été arrêtés lors de deux vagues d’interpellations, survenues début février en Loire-Atlantique et en Bretagne. Mais l’enquête minutieuse de la brigade de gendarmerie de Rezé près de Nantes, et la mobilisation de 200 militaires le jour J, ont aussi et surtout permis l’arrestation de cinq receleurs, trois hommes et deux femmes âgés entre 32 et 40 ans, tous membres d’une même famille de nationalité polonaise.
Leur organisation était bien rodée. « Certains s’occupaient du ramassage des pots, en faisant la tournée de voleurs avec qui ils étaient en contact, explique Renaud Gaudeul, le procureur. D’autres assuraient ensuite le transport des pièces vers la Pologne depuis la région rennaise. » Ces catalyseurs, éléments des pots d’échappement des voitures, sont très convoités en raison des métaux précieux qu’ils contiennent, et qui coûtent bien plus chers que l’or. « Les cours du rhodium, du palladium et de la platine se sont envolés ces dernières semaines », précise le procureur de la République. Selon le modèle, un pot peut coûter entre 100 et 1.500 euros.
Près de 400 faits en un an
Depuis plusieurs années, mais surtout depuis début 2021, les vols de ces pièces se multipliaient en Loire-Atlantique, et dans d'autres départements. Les voitures essence, et notamment les modèles entre 1998 et 2012, étaient particulièrement ciblées par les voleurs, à qui il ne fallait que quelques minutes et une petite meuleuse pour découper la fameuse pièce. « Au total, 379 faits ont été relevés sur le département en 2021, surtout sur le sud-Loire, précise Renaud Gaudeul. Le phénomène s’est encore accéléré en fin d’année avec entre 42 et 56 faits recensés par mois. »
Après avoir identifié un premier voleur, la gendarmerie a continué ses investigations pour remonter jusqu’aux têtes de ce réseau, qui rachetaient la marchandise. Lors des perquisitions chez la famille, « 210.000 euros d’avoirs ont été saisis à ce stade, dont 100.000 euros en espèces », détaille Emmanuel Aubry, commandant du groupe interministériel de recherches (GIR) de Nantes. Quelque 300 pots ont aussi été découverts.
Jugés au mois de septembre
Des dizaines de milliers de pièces pourraient avoir ainsi transité vers la Pologne, alors que « les investigations ont montré que les transporteurs faisaient des allers-retours tous les quinze jours, avec 700 à 800 pots ». Les onze voleurs et receleurs seront jugés au mois de septembre. Ces derniers, inconnus de la justice et désormais placés sous contrôle judiciaire, encourent jusqu’à dix ans de prison.
Selon le procureur, après ces arrestations, seuls cinq faits de vols de ce type ont été recensés en février sur la Loire-Atlantique.