ACTIONSViolences intra-familiales et stupéfiants, priorités du parquet de Nantes

Nantes : La lutte contre les violences intra-familiales et contre les stupéfiants, priorités du parquet

ACTIONSLe procureur de la République de Nantes a dressé le bilan de l’activité pénale 2021 et dévoilé ses priorités d’action. Il confirme également l’aggravation du sentiment d’insécurité en centre-ville
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le nombre d’affaires pénales dans la juridiction de Nantes a augmenté de 10 % par rapport à 2019.
  • Les chiffres des violences intra-familiales sont particulièrement préoccupants.
  • La lutte contre les trafics de stupéfiants est également une action prioritaire.

Un mois après l’annonce par l’Etat d’une « baisse globale des chiffres de la délinquance » en Loire-Atlantique, le tribunal de Nantes a dévoilé ce lundi son bilan d’activité pénale de l’année 2021. Le nombre d’affaires pénales nouvelles présentées par le parquet de Nantes a ainsi progressé de 18 % entre 2021 et 2020, et de 10 % par rapport à 2019, une année pourtant « particulièrement chargée concernant la délinquance », précise le procureur de la République. Cette croissance, qui traduit le « travail de la justice » et la « mobilisation des services de police et de gendarmerie », s’explique par une hausse de certains faits commis, en particulier deux fléaux connus sur le territoire nantais : les trafics de stupéfiants et les violences intra-familiales.

« Les violences intra-familiales augmentent chaque année. En seulement cinq ans, la hausse est de 45 %. C’est considérable », s’alarme Renaud Gaudeul, procureur. Ce dernier se dit « totalement engagé dans cette lutte-là ». Il cite les exemples des bracelets anti-rapprochement, nouveau dispositif mis en place en janvier 2021 pour « mieux protéger les victimes », qui ont déjà été mis en œuvre à 22 reprises dans la juridiction. Quelque 35 unités de Téléphone grave danger, proposé depuis 2015 aux femmes battues, sont également attribuées actuellement, contre « 17 l’été dernier ».

Renaud Gaudeul évoque aussi les réunions mensuelles d’un comité de pilotage réunissant l’ensemble des services et les associations pour la réponse aux « cas les plus compliqués ». Il annonce par ailleurs la « création en cours » d’un « pôle familles » composé de cinq magistrats spécialisés au sein du parquet de Nantes. « On a besoin de magistrats et juristes spécialisés connaissant parfaitement les dispositifs pour affiner notre réponse pénale », justifie le procureur.

« Nantes n’est pas dans une situation plus défavorable »

Concernant la lutte contre les stupéfiants, Renaud Gaudeul confirme que la nouvelle stratégie est de s’attaquer davantage aux points de deal intermédiaires. « On a mis le paquet là-dessus depuis l’été. Manifestement, on les gêne. Si on ne le faisait pas, les trafics ne cesseraient de prendre des proportions plus importantes. Maintenant, il faut voir à plus long terme si on parvient à enrayer le phénomène. » Le parquet a également multiplié les amendes forfaitaires délictuelles [200 euros] visant les consommateurs de stupéfiants. « Il faut une prise de conscience des usagers », insiste-il.

Plus globalement, le procureur de la République considère qu’il y a une « très forte dégradation de la délinquance en centre-ville de Nantes ces dernières années, les chiffres le montrent ». « Mais par rapport à d’autres métropoles, Nantes n’est pas dans une situation plus défavorable, estime Renaud Gaudeul. Peut-être aussi qu’on partait d’une situation plus favorable ici. C’est ce changement qui donne un sentiment d’insécurité, qui est réel. Dans d’autres villes cette délinquance vous la subissez moins quand vous êtes dans certains quartiers favorisés. A Nantes, il y a plus de mixité. Cela favorise ce sentiment d’insécurité. »

Renaud Gaudeul a, par ailleurs, confirmé ce lundi qu’il souhaite développer davantage les comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (sanction proposée sans procès), de même que les peines alternatives aux poursuites pour les infractions peu graves, à l’image d’un travail non rémunéré ou d’un stage éducatif. Ces mesures alternatives nécessitent toutefois du renfort pour être mises en œuvre. Une quinzaine de délégués du procureur « ayant une bonne connaissance du système judiciaire » sont ainsi recherchés. Les recrutements sont en cours.