Alsace : Après 177 contrats chez Kronenbourg, un ex-salarié débouté de ses demandes
PRUD'HOMMES•Il dénonçait notamment une discrimination à l'embauche en raison de ses origines maghrébinesT.G. avec AFP
L'essentiel
- Pendant toute sa carrière, Rabah M., 62 ans, a cumulé 177 contrats courts chez le brasseur Kronenbourg, en Alsace.
- Le sexagénaire dénonçait une discrimination à l’embauche en raison de ses origines maghrébines.
- Il a été débouté par le tribunal des prud’hommes de Saverne.
La décision était attendue. Elle a été rendue cet après-midi par le conseil des prud’hommes de Saverne, dans le Bas-Rhin. Un ancien salarié de la brasserie Kronenbourg d’Obernai, qui avait cumulé 177 contrats courts en près de 30 ans et dénonçait une discrimination à l’embauche en raison de ses origines maghrébines, a été débouté.
Les conseillers ont estimé que « je n’apportais aucune preuve » de la discrimination à l’embauche, a précisé Me Nicole Radius, l’avocate de Rabah M., 62 ans et père de quatre enfants. La juridiction a également estimé que, dans la mesure où « Kronenbourg a une activité saisonnière, elle a le droit de recourir à des CDD et à des intérims comme bon lui semble », a ajouté l’avocate, annonçant qu’elle allait faire appel.
Me Radius avait plaidé la requalification des « 161 missions d’intérim et 16 CDD » que son client avait cumulés entre 1992 et 2019, principalement dans l’atelier « fûts » de la célèbre brasserie du groupe Carlsberg. Selon l’avocate, le refus de l’embaucher en CDI relevait d’une discrimination à l’embauche car, sur les plus de 270 ouvriers embauchés en CDI entre 2012 et 2019, « aucun n’avait un nom à consonance maghrébine ». Me Radius réclamait 200.000 euros de dommages et intérêts, dont 53.000 pour licenciement abusif et 39.800 pour discrimination à l’embauche.
Plus aucun contrat depuis 2019
Selon elle, en 2013, Rabah M. avait demandé à être embauché en CDI mais avait essuyé un refus de la part de Kronenbourg. En 2019, l’avocate avait demandé la requalification en CDI des contrats courts de son client, de nouveau en vain. La brasserie avait ensuite cessé de lui donner des contrats, selon l’avocate.
Désormais retraité après deux ans de chômage, Rabah M., qui « a fait profil bas pendant 30 ans », touche une pension très inférieure à celle à laquelle il pourrait prétendre s’il avait été en CDI, a souligné Me Radius, selon laquelle son client a également essuyé durant sa carrière à la brasserie des propos « à la limite du racisme » de la part de certains collègues.