Affaire Jacqueline Veyrac : Les ravisseurs de la riche hôtelière niçoise jugés en appel
PROCES•Le cas du cerveau présumé a été disjoint en raison de problèmes cardiaques20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Treize en première instance à Nice, ils n’étaient plus que neuf, lundi après-midi à Aix-en-Provence, à l’ouverture d’un procès prévu jusqu’au 23 février.
- Ils devront s’expliquer sur l’enlèvement en plein jour de Jacqueline Veyrac, embarquée de force dans le coffre d’une fourgonnette, le 24 octobre 2016.
Sur le banc des accusés : un ex-militaire anglais, un ancien paparazzi et des hommes de main recrutés dans un quartier niçois sensible. Depuis lundi, neuf personnes sont jugées en appel aux assises des Bouches-du-Rhône pour le rapt rocambolesque de Jacqueline Veyrac, une riche hôtelière de 76 ans, à Nice en 2016. Treize en première instance à Nice, ils n’étaient plus que neuf, lundi après-midi à Aix-en-Provence, à l’ouverture d’un procès prévu jusqu’au 23 février. Quatre dans le box des accusés et les cinq autres qui comparaissent libres.
Le cas du cerveau présumé de ce dossier, Giuseppe Serena, 68 ans, condamné le 27 janvier 2021 à dix-huit ans de réclusion, a été disjoint en raison de problèmes cardiaques rendant sa comparution impossible. La cour d’assises des Alpes-Maritimes avait déclaré ce restaurateur italien coupable de complicité d’enlèvement de Jacqueline Veyrac, ainsi que d’une première tentative échouée, en 2013, dans le but d’obtenir une rançon.
Trahis par des traces ADN
Sept de ses co-accusés, condamnés à des peines de dix-sept mois à quinze ans de prison, étaient par contre présents lundi, ainsi que deux des cinq hommes acquittés, rejugés suite à un appel du parquet. Ces neuf accusés devront s’expliquer sur l’enlèvement en plein jour de Jacqueline Veyrac, embarquée de force dans le coffre d’une fourgonnette, le 24 octobre 2016, sous le regard incrédule d’une postière.
Parmi eux, « Tintin », un ex-paparazzi aujourd’hui âgé de 51 ans, qui avait posé deux balises sous le 4X4 de la victime pour surveiller son emploi du temps. Mais aussi un ex-soldat anglais devenu SDF, Philip Dutton, 53 ans, chargé de l’organisation de l’enlèvement, ainsi que les recruteurs et les kidnappeurs, trois jeunes du quartier des Moulins à Nice. Des traces ADN des différents protagonistes avaient été relevées, notamment dans la voiture.
Prisonnière de la fourgonnette, garée sur les hauteurs de la ville, la septuagénaire avait réussi à se défaire de ses liens et à s’échapper, 48 heures plus tard, grâce à un passant. Au cours de sa séquestration, Jacqueline Veyrac avait refusé de se nourrir, a rapporté lundi à l’audience le président du tribunal, lors de la lecture des faits.
« Peut-être » poussé par son « ego frustré »
Femme discrète au train de vie « non ostentatoire », Jacqueline Veyrac, dont la famille figure parmi les plus riches de France, possède avec ses enfants le Grand Hôtel sur la Croisette à Cannes, mais aussi La Réserve, restaurant gastronomique situé sur le front de mer à Nice. De 2007 à 2009 elle en avait confié la gestion à Giuseppe Serena, mais l’affaire avait rapidement croulé sous les dettes. À demi-mot, il avait avoué les faits au cours du premier procès, expliquant avoir « peut-être » été poussé par son « ego frustré ».
Jacqueline Veyrac et son fils, en voyage à Dubaï, étaient absents lundi. La date de leur audition n’a pas été fixée, Gérard Veyrac étant positif au covid et sa mère cas contact. Le jour de l’enlèvement, le fils avait reçu, depuis le portable de sa mère, l’appel d’un homme à « l’accent anglais » exigeant le versement d’une rançon.
Homme-clé du procès, en l’absence de Giuseppe Serena, Philip Dutton est également poursuivi pour une première tentative d’enlèvement avortée de la riche dame, trois ans plus tôt. Jacqueline Veyrac avait échappé à ce rapt grâce à « la forte résistance » opposée à ses ravisseurs et l’arrivée d’une camionnette. L’homme, qui a reconnu être le chef opérationnel de l’enlèvement de 2016 et désigné Giuseppe Serena comme l’instigateur, avait été condamné en première instance à quatorze ans de prison.