MAUVAISE BLAGUETrois ans de prison requis pour escroquerie chez les clowns d’hôpitaux

Limoges : Trois ans de prison requis pour une escroquerie présumée aux enfants malades

MAUVAISE BLAGUELe prévenu a déjà été condamné huit fois par la justice, et continue de nier les faits malgré son train de vie largement supérieur au RSA qu’il touche
20 Minutes avec AFP

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Trois ans de prison et 50.000 euros d’amende ont été requis vendredi à Limoges contre le fondateur d’une association pour enfants malades, soupçonné d’avoir détourné 243.000 euros de dons versés à son organisation. Poursuivi devant le tribunal correctionnel de Limoges pour « abus de confiance aggravé », il présidait les « Nez Rouges », association caritative intervenant sur le territoire national et dont l’objet était de « distraire les enfants malades et de réaliser leurs rêves ».

A travers des « journées du cœur », des vide-greniers, des collectes de rue ou des participations à des marchés de Noël, cette association établie à Limoges avait récolté 460.000 euros entre 2013 et 2018 grâce à ses 38 ambassadeurs et son millier de bénévoles. En 2014 puis en 2017, les « Clowns Doux », également basés en Haute-Vienne et intervenant aussi auprès d’enfants hospitalisés, avaient effectué des signalements au parquet sur le fonctionnement des Nez Rouges. Tout comme le CHU de Limoges, dont l’image avait été utilisée alors qu’aucune convention n’avait été passée.

Déjà condamné huit fois

En 2017 également, Tracfin avait alerté à son tour le procureur de la République pour des opérations financières « atypiques ». Le service antifraude du Ministère de l’Économie s’était notamment étonné d’un retrait de 63.000 euros en espèces par le prévenu ou encore le versement de plus de 6.000 euros à son profit, provenant d’une cagnotte Leetchi ouverte après le cambriolage d’un local des Nez Rouges à Limoges. A la barre, l’accusé, comparaissant libre, a fermement contesté les faits sans pouvoir donner d’explications sur ces retraits en espèces ni sur son train de vie alors qu’il touchait le RSA. Il a reconnu avoir « négligé la comptabilité » mais a assuré que les 100.000 euros par an générés par l’association, qu’il a appelée « son bébé », permettaient de payer les quatorze salariés et les frais de fonctionnement.

Son avocat, Me Joël Frugier, a plaidé la relaxe, affirmant, contrairement aux enquêteurs, qu’il avait mené de nombreuses actions en faveur des enfants, attestées par des centaines de photos. « On lui a retiré sa liberté, son honneur, son bébé et aujourd’hui on voudrait lui retirer son cœur », a-t-il clamé. En marge de l’audience, l’ex-président d’association a évoqué les nombreuses personnalités ayant soutenu les Nez Rouges, montrant des photos de Soprano aux côtés d’un enfant malade et de lui-même posant avec Anne-Sophie Lapix dans un hôpital.

Le procureur a par ailleurs requis trois mois de prison avec sursis simple contre la mère du prévenu, poursuivie pour vol et recel d’abus de confiance. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 18 février. Huit fois condamné par la justice, l’accusé est mis en examen pour escroquerie en récidive et exercice illégal de la profession d’avocat dans une autre affaire : en janvier 2021, il avait endossé une robe d’avocat, achetée sur Internet, et plaidé devant le tribunal judiciaire de Cusset (Allier). L’expert psychologue l’ayant examiné a évoqué un sentiment de « toute puissance », des « difficultés à accepter la frustration ».