ENQUETEUn médecin soupçonné d’avoir euthanasié plusieurs patients

Le Mans : Un médecin exerçant en soins palliatifs soupçonné de plusieurs meurtres de patients

ENQUETEL’homme, âgé de 40 ans, a été interpellé mardi. Il avait été radié par le Conseil de l'Ordre en mai, mais a pu exercer jusqu’en octobre
Caroline Politi

Caroline Politi

Des injections de produits non autorisés à des doses létales. Depuis plusieurs mois, la justice enquête sur des soupçons d’euthanasie dans le service des soins palliatifs de la clinique du Pôle Santé Sud du Mans, dans la Sarthe. Ce jeudi, un médecin d’une quarantaine d’années ayant travaillé entre février et octobre 2020 dans ce service a été mis en examen pour deux meurtres​ et écroué, a indiqué le parquet du Mans. Il a également été placé sous le statut de témoin assisté.

L’affaire démarre fin 2020 lorsque la clinique, alertée par plusieurs collègues de ce médecin, fait un signalement au Conseil de l'Ordre. Plusieurs praticiens affirment en effet l’avoir vu administrer à des patients des cocktails médicamenteux hautement toxiques, notamment du Propofol à haute dose, sans respecter les protocoles de la loi Léonetti, qui encadre la fin de vie. Deux dossiers, en particulier, révèlent de graves dysfonctionnements.

Radié en mai 2021

En mai 2021, le praticien est radié par le Conseil de l'Ordre. Cette décision, pourtant, ne sera effective qu’en octobre 2021. Depuis son départ un an auparavant, en octobre 2020, de la clinique du Mans, l’homme a donc pu exercer dans d’autres structures, notamment de soins palliatifs. En parallèle, un signalement est fait au procureur qui ouvre une information judiciaire. « Toute la difficulté dans ce genre d’affaires où les patients sont en fin de vie est de déterminer dans quelles circonstances sont réellement mortes les victimes », précise une source proche de l’enquête.

Il convient ainsi de diligenter des expertises pour tous les patients traités par ce praticien, afin de savoir s’ils ont été traités selon les règles dictées par les protocoles. Les expertises ont d’ores et déjà confirmé les doutes de l’Ordre des médecins sur les deux premiers patients concernés mais les dossiers de 23 autres patients, décédés alors qu’il exerçait, sont encore à l’étude.

Interpellé mardi près de Rouen, l’homme a nié en garde à vue les faits qui lui sont reprochés. Les investigations se poursuivent pour tenter de déterminer si d’autres décès, notamment dans les autres structures dans lesquelles il a travaillé, sont suspects.